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                     ET DEVANT LA LOI                     301

sont susceptibles de devenir dangereux alors même que
Ton ne saurait le prévoir en observant leur attitude habi-
tuelle.
   La propension à commettre des attentats de toute nature
se rencontre dans toutes les formes de la folie, soit vis-à-
vis du malade lui-même, soit vis-à-vis de la société. Le
public regarde ordinairement comme redoutables ceux
dont l'affection se traduit par des propos et des actes inco-
hérents et aggressifs. Il est hors de doute que leurs extra-
vagances et leurs menaces soient propres à frapper l'imagi-
nation et à inspirer de la crainte. Aussi, la nécessité de leur
internement dans les asiles n'est-elle discutée par personne.
L'expérience démontre que l'on a beaucoup plus de raisons
de se défier des malades que l'on représente vulgairement
comme incomplètement fous. Ceux-là cachent souvent sous
des dehors paisibles ou déprimés, quelquefois même rai-
sonnables, des convictions délirantes que rien ne peut
ébranler, qu'ils sont habiles à dissimuler, et dont ils accep-
tent toutes les conséquences. Conservant dans une certaine
mesure, la faculté de raisonner, ils la mettent au service de
leurs préoccupations maladives; ils poursuivent l'exécution
de leurs desseins avec une habileté et une prudence incon-
ciliables en apparence avec un dérangement des facultés et
l'on est étonné de la logique et de l'esprit de suite qu'ils
déploient pour arriver à leurs fins.
   L'opinion publique s'y trompe facilement et, bien des
fois, n'est désabusée que par l'insanité du but poursuivi.
C'est ainsi que l'on a vu un malheureux fou mettre en
œuvre des prodiges de ruse et d'intelligence pour se pro-
curer les moyens de s'ouvrir le ventre afin d'en extraire un
chat qu'il prétendait s'y être logé. Un autre malade, rendu
à la liberté par voie administrative, comme étant inoffensif