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                     ET DEVANT LA. LOI                     297

d'abandon, qu'ils croupissaient au milieu d'une malpropreté
et d'une misère révoltantes, contrastant honteusement avec
les conditions de leur situation sociale.
   Ainsi abandonnés à la sollicitude problématique de leur
entourage, les aliénés ne sont pas seulement exposés à subir
des traitements indignes qu'il est difficile de contrôler, ils
deviennent, en outre, une proie facile à exploiter pour
l'avidité si commune dans l'espèce humaine.
   Il faut reconnaître que, dans beaucoup de cas, la tenta-
tion est grande d'abuser de la faiblesse intellectuelle de ces
malades. Les occasions se présentent entourées de tant de
facilités et tant de considérations supérieures, tant d'excuses
s'élèvent pour dissimuler et pallier la culpabilité que bien
des gens, même relativement honnêtes, se laissent entraî-
ner par la cupidité naturelle à l'homme. On prétexte qu'il
est juste d'accorder une rémunération aux soins que l'on
prodigue, aux peines et aux embarras qu'ils procurent.
« Après tout, le malade n'a pas d'héritiers directs, ou s'il
en existe, ils sont à l'abri du besoin; on ne porte préjudice
à personne, etc., etc. » Tous ces motifs sont invoqués pour
égarer la conscience, ce à quoi ils réussissent aisément, et
pour colorer d'une apparence de raison des actes dont on
répudie l'indignité. Il n'est sorte de sophismes que l'on ne
mette en avant dans le but d'imposer silence à la voix du
devoir : on se crée de cette façon, à son propre usage, une
morale d'occasion, pleine de condescendance pour ses
appétits spoliateurs et de rigorisme pour les fautes d'autrui.
Ce reste de pudeur est. souvent même écarté et l'on voit
les derniers scrupules céder la place à un égoïsme éhonté.
Les exemples abondent et l'on ne saurait entrevoir la limite
à laquelle peut s'arrêter la cupidité.
    L'internement des aliénés présente quelques garanties