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234 PREMIÈRE PUBLICATION étrange, invraisemblable et aussi choquante que le serait l'Apollon du Belvédère coiffé d'un chapeau à haute forme. Les seize sujets gravés, car il y en a deux sur sept des neuf planches relatives à l'histoire, ces seize sujets suivent pas à pas le récit, et c'est plaisir de voir comment l'imagina- tion ingénieuse de l'artiste a interprété et complété la nar- ration de l'auteur. L'examen de ces figures n'est certes pas moins attrayant que la lecture du livre. Les religieuses dans leurs robes noires conversant entre elles, tantôt curieuses, tantôt effrayées, tantôt ébahies; l'évêque et le prêtre, avec leurs ornements, accomplissant toutes les céré- monies de l'exorcisme; la jeune religieuse, représentée comme une fillette calme et simple ; Alix de Thésieux mou- rante et protégée par la sainte Vierge contre le démon qui veut enlever son âme, puis apparaissant d'abord sous les traits d'un hideux squelette, enfin ressuscitée et radieuse ; les anges, les diables, que le crayon du dessinateur présente aux yeux par une de ces licences permises aux peintres et aux poètes; la modeste chambrette d'Antoinette de Grô- lée; le somptueux réfectoire des nonnes, tout cela se déroule en des tableaux variés et toujours curieux. L'impression est digne de la valeur du livre ; elle fera honneur à la typographie lyonnaise, et l'on peut dire que cet ouvrage est un des meilleurs qui soient sortis des presses de M. Mougin-Rusand. Il faut ajouter aussi qu'un contrôle rigoureux a présidé à ce travail et que des feuilles, très acceptables d'ailleurs, ont été détruites pour la plus mi- nime imperfection. Les éditeurs ont poussé le scrupule d'imitation jusqu'à donner à ce livre une enveloppe conforme à l'âge du volume original; ils ont revêtu les exemplaires d'une couverture en parchemin, liée avec des rubans d'un effet très original.