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DE LA SOCIÉTÉ DES BIBLIOPHILES LYONNAIS 23 I vient d'être cité semble donner la clef du problème. Le spectre d'Alix, ne se montrant que deux fois et la figure cachée par un voile, donne à croire que ce prétendu fan- tôme était une religieuse du monastère qui aurait, à elle seule, préparé toute cette pièce et joué tout le monde. J'abandonne cependant la solution à de plus minutieux et plus sagaces investigateurs. Pour moi, j'hésite à affirmer le fait d'une tromperie : il y a tant de choses extraordi- naires que l'on a taxées d'impossibilité et qu'on est aujour- d'hui forcé d'admettre. Il est certain cependant que souvent des gens pieux ont cru licite de corroborer par des supercheries, les vérités dont ils étaient convaincus. Par une disposition d'esprit injustifiable mais qui n'est pas très rare, ils se persuadent que la pureté de l'intention, les avantages d'un résultat louable justifient la tromperie et les mensonges innocents. Du reste qu'on ne les accuse pas trop : le zèle religieux n'est pas le seul qui se rende coupable de ces manœuvres répréhensibles. Sans parler des tromperies inspirées par la cupidité, il en est d'autres encore. La science fait com- mettre plus de supercheries encore que l'ardeur religieuse. Que de mensonges, que de faussetés émises pour sanc- tionner une doctrine historique? Combien l'archéologie ne compte-t-elle pas de monuments apocryphes ? Hier encore, pour ainsi dire, les. membres d'un des premiers corps savants de France persistaient à sanctionner un mensonge par leur autorité et ne cédaient que devant l'aveu de l'au- teur de'la supercherie. Et les faussetés systématiques et volontaires de la science préhistorique ne se sont-elles pas multipliées à tel point que la vérité ne peut se faire jour et qu'il faudra plusieurs générations de travailleurs honnêtes