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200            LES ALIÈNES DEVANT L'OPINION

jusqu'aux fonctions les plus élémentaires de l'organisation
physique subissent l'influence des passions. La volonté
même, étend son action jusque sur les éléments de la vie
et révèle sa puissance par des efforts surprenants. En un
mot, les actions réflexes, quelle que soit leur origine,
psychologique ou physiologique, témoignent d'une façon
irréfutable, de la solidarité de toutes les parties de notre
être et de l'unicité de notre individualité.
   On en trouve la démonstration peut-être encore plus frap-
pante dans l'état de maladie. En dehors de l'aliénation
mentale, le délire est un symptôme très fréquent et ordi-
naire à certaines maladies ou à certaines constitutions. Il
apparaît dans un grand nombre de fièvres et dans le cours
de beaucoup d'affections localisées sur divers organes ; il
sert même à caractériser, par la forme qu'il revêt, les intoxi-
cations produites par des substances telles que l'alcool,
certains poisons et, plus spécialement, ceux que l'on con-
naît sous le nom de narcotiques. Le délire qu'elles déter-
minent se révèle par des caractères spéciaux à chacune
d'elles et qui ne changent pas. Ne trouve-t-on pas dans ce
fait, une preuve évidente de l'unité de l'être humain? Il
serait étrange que des causes purement matérielles pussent
exercer directement une semblable influence sur un être
d'une nature aussi essentiellement différente. Aussi l'ori-
gine de l'erreur vulgaire concernant l'aliénation mentale
réside en ce qu'on prend toujours les symptômes pour le
mal lui-même.
   Dans l'aliénation, le délire est un symptôme comme il
l'est dans toute autre maladie; il est l'expression d'une
lésion primitive ou secondaire de la partie des centres
nerveux dont la mission est de présider à nos fonctions de
relation et en particulier à nos manifestations psychiques ;