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458         DU GÉNIE LITTÉRAIRE DE LA FRANCE.

 étaient inconnues. Jamais un peuple n'avait donné l'exemple
 d'une souplesse de génie pareille a celle qui nous a fait passer
de la philosophie des Encyclopédistes à la grande poésie
lyrique du XIX e siècle. Quelles espérances ne donne pas un
 génie national, capable de se renouveler ainsi ? L'esprit fran-
 çais ne pouvait attester d'une manière plus éclatante la va-
 riété de ses ressources et son universalité. Les gloires litté-
raires de notre siècle n'ont rien à envier aux siècles précédents,
 mais rien non plus à gagner à cette démolition sacrilège du
passé entreprise un moment par d'aveugles admirateurs. En
accordant notre adhésion à la plupart des idées nouvelles
sur la poésie et sur les arts, ne cessons pas d'étudier les œuvres
qui charmaient, qui élevaient l'intelligence de nos pères ; ne
fut-ce que pour apprendre à conserver intact l'instrument
le plus actif de la propagation des idées d'avenir, celle belle
langue française, dont nous devrons compte non seulement
ù nos fils, mais à la civilisation toute entière qui l'a adoplée
comme sienne.
    Si donc en parcourant ensemble le monde des artistes et
des poêles, noire admiration se divise impartialement entre
les hommes de génie de tous les temps et de tous les lieux ;
lorsque nous serons conduits à apprécier l'esprit particulier
à la littérature de chaque peuple, nous ne rencontrerons pas
une nation dont le génie, parl'élévation morale et la puissance
civilisatrice, mérite autant que celui de notre pays la sym-
pathie et le dévouement des vrais amis de l'humanité. Quelque
soit donc noire liberté à l'égard de certaines traditions litté-
raires, avec quelque réserve que s'exprime parfois notre admi-
ration pour certaines renommées, soyez assurés, MM., que,
dans celle chaire, ne sera jamais prononcé, sans respect, sans
amour, sans enthousiasme, le nom sacré de la France.

                               VICTOR DE LAPKADE.