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                     SORTIE DES LYONNAIS.                       293

quart de lieue de ma retraite ordinaire; j'y avais aussi deux
refuges excellents, de manière qu'en cas d'événement, je n'é-
tais point embarrassé et pouvais dérouler les plus intrépides
perquisiteurs.
    Pendant cet hiver, je me couchais toujours avec mon hôte,
sans jamais me déshabliller, crainte de surprise, et dans ce
cas je pouvais me jetter dans une petite cache pratiquée au-
dessus de moi, dans le foin, et de là je pouvais aisément
gagner ma retraite ordinaire au bas du clos de la maison. Je
me levais ordinairement à quatre heures du matin et me
couchais au jour. Je jouis d'assez de tranquillité jusqu'au mois
de mars, j'avais souvent des avis de visite qui ne s'effectuait
pas; cependant, dans le mois d'avril, il y en eut deux de faites
par les gardes nationales de Feurs, Néronde, Rozièreet autres
 villages voisins, elles vinrent au nombre de quinze cents ou
deux mille; ces misérables se répandirent dans le village de
 V...etceluideSainte-À...;dévastèreut les églises, arrachèrent
 les croix et se livrèrent aux plus grands désordres; ils arrê-
 tèrent plusieurs habitants et môme des femmes pour cause de
 fanatisme; dans le même temps, les gardes nationales de
 Roanne et deSt-Symphorien, deRogny, etc., se portèrent éga-
 lement sur Saint-Just, et s'yconduisirent de la même manière.
 Ayant été averti d'avance, je m'étais retiré dans mon sou-
 terrain, au-dessous d'un chemin public d'où je pouvais en-
 tendre passer toutes ces bandes de Sans-Culottes ; leurs
 visites ne furent pas très-exactes à Sainle-A..., excepté chez
 M..., auquel ils en voulaient beaucoup, comme le plus riche
 du village. La terreur, à celte époque, régnait dans tout le
  département avec plus d'activité quejamais. Javogues, repré-
  sentant du peuple, faisait arrêter tous les propriétaires, tous les
  honnêtes gens du pays; de bons patriotes n'étaient pas même
  épargnés et toutes les classes étaient atteintes ; des troupes
  révolutionnaires étaient répandues dans les environs. Ces ri-