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112                   SOUVENJKS DE 1793.
je pourrai, mais je ne veux pas perdre le fils de Chavane^
(il l'avait amené pour être son aide de camp), dites à sa mère
que si, dans quelques jours, je n'y vois pas plus clair, je le lui
renverrai.
   Effectivement, peu de temps après, ce jeune homme revînt
à Roanne. Mais il ne pût pas y être retenu : dans le courant
d'août, il rentra à Lyon, et périt malheureusement à la
fameuse et désastreuse sortie.
   Cependant, le pouvoir conventionnel dominait de plus en
plus dans le district de Roanne. Un commissaire du comité
de salut public y était arrivé, on parlait d'arrestations très
prochaines. J'étais menacé, mais averti. A l'aide d'une com-
mission d'inspecteur des vivres, que j'avais obtenue depuis
peu, j'eus un passeport pour le quartier général de l'armée
qui assiégeait Lyon, sous l'autorité suprême des deux r e -
présentants du peuple Dubois de Crancé et Gauthier des Orciè-
res, qu'on nommait alors Gauthier de l'Ain.
   Il faut dire ici que ce dernier, avocat à Bourg, sa pairie,
avait épousé peu d'années avant la Jille du premier lit, de
M. Denervaux, devenu mon beau frère par son second ma-
riage.
   Mon beau-frère, ma sœur et leur famille avaient quitté
Lyon avant le siège, et habitaient uu domaine dans la com-
mune de Fontaine, très rapproché du château de la Pape,
où les représentants du peuple Gauthier et Dubois Crance
s'étaient installés. 4
   J'arrivai chez mon beau-frère, et, le lendemain, j'allai d'a-
bord voir à la Carrelé, maison de campagne, commune de la
Croix-Rousse, le citoyen Salluon, alors régisseur des vivres,
mon ami, aujourd'hui M. Charrier de Senneville, qu'on a vu
depuis adjoint à la mairie de Lyon, sous l'Empire. Il est juste
de dire que M. Salluon était là malgré lui, et que, régisseur
des vivres, avant le siège de Lyon, Dubois Crancé l'avait
fait amener de Grenoble à la Pape par deux gendarmes, pour
y faire son service.