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DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE, ETC. 79 tenir à la hauteur de ce glorieux passé. Tl a compris que s'efforcer d'éviter les erreurs brillantes de notre époque, et reprocher au siècle égaré ce qui jadis avait été reproché au penseur d'Iéna, l'oubli de la personnalité de l'Etre-Suprême, c'était le meilleur moyen de se montrer digne de son illustre prédécesseur. Les plus beaux moments de Fichte le père avaient été ceux où il sut enflammer le patriotisme de la nation allemande. Pour n'être pas de ce monde, la patrie que le jeune professeur de Tiibingue rappelle à l'amour et à la pensée des philosophes ne nous en est que d'autant plus chère. Le royaume de Dieu, voilà la cause pour laquelle il combat ; notre destinée éternelle, voilà l'idée pour laquelle il s'enflamme. Comment ne pas accompagner de nos vœux ardents ce défenseur de nos croyances les plus précieuses ! Si la théorie do Fichte le jeune tient en quelques points à celle de son père, il est facile de voir qu'elle n'est pas non plus complètement étrangère à celle de Hegel. Fichte r e - connaît que les catégories du philosophe de Berlin ne suffisent pas pour donner la science de l'absolu; il leur accorde néan- moins une grande importance sous le rapport formel. Plus indulgent qu'il n'aurait dû l'être pour ces constructions arbi- traires, il en accueille la majeure partie, si ce n'est dans le sanctuaire, au moins dans le vestibule de la philosophie. Quant à la philosophie positive elle-même, elle rappelle chez Fichte un autre penseur. Si, faisant abstraction des idées préliminaires et hégéliennes, nous envisageons de préfé- rence la solution que le professeur de Tùbingue donne aux problêmes les plus élevés de la philosophie, nous remarquons que sa doctrine a de frappantes analogies avec celle de Schelling. Les deux systèmes s'accordent à proclamer la personnalité de l'absolu, et son indépendance pleine et entière du développement des choses finies. Fichte s'est bien gardé, du reste, de suivre aveuglément les traces de Schelling;