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nais, Forez et Beaujolais -. il avait été nommé à celte importante place pendant le
séjour que le roifità Lyon , à sou premier voyage, en 1593, et il se démit alors
de sa charge de grand-maître de l'artillerie dont il était pourvu depuis l'année
1578. Il était fils aine de Gabriel de la Guiche qui vint, si à propos, rassurer les
lyonnais contre les frayeurs que leur donna le baron de Poulleville, en 1357.
he corps de ce gouverneur fut porté à Chaumont [a Guiche, où il est enterré ( 1 ) .
   L'année 1608 fut remarquable par le froid extrême qui se fit sentir : il avait
commencé à devenir très-âpre le jour de saint Thomas auparavant, et dura plus
de deux mois sans s'adoucir qu'un jour ou deux : il glaça toutes les rivières, gela
toutes les jeunes vignes, tua plus de la moitié des oiseaux et du gibier à la cam-
pagne , grand nombre de voyageurs par les chemins, et près de la quatrième
partie du bétail dans les étables, tant par la rigueur du temps que par le défaut
de fourrages. On remarqua que les chaleurs de l'été suivant égalèrent presque
les rigueurs de l'hiver, et que néanmoins l'année fut des plus abondantes.
    Le dégel ne causa pas de moindre 'dégâts qu'avait fait le grand froid ; ce qui
 arriva à Lyon est une merveille qui mérite d'être rapportée (2). Il s'était accu-
 mulé comme une montagne de glaçons sur la Saône, devant l'église de l'Obser-
vance : toute la ville tremblait de peur qu'en se détachant leur choc ne vînt à
emporter le pont; et on faisait,des prières publiques pour détourner ce malheur.
Un simple artisan (3) entreprit de les rompre en petits morceaux et de les faire
tous écouler sans aucun désordre, moyennant une certaine somme d'argent dont
il convint avec les magistrats de la ville. Pour cet effet, il alluma tout vis-à-vis ,
sur le bord de la rivière, deux ou trois petits feux avec une demi-douzaine de
fagots et quelque peu de charbon, et se mit à murmurer certaines paroles. Aus-
sitôt ce prodigieux rocher de glaces éclata comme un coup de canon et se rompit
en une infinité de pièces dont la plus grande n'était pas de plus de trois ou
quatre pieds. Mais ce pauvre homme , au lieu de toucher sa récompense, fut en
danger de recevoir punition ; car des théologiens disaient que cela ne s'était p u
faire sans l'opération du diable ; tellement que sa recepte fut brûlée publique-
ment devant l'Hôtel-de-Ville. Dix ou douze ans après il intenta action au parle -
ment pour avoir son salaire : on en ignore le succès (4),
   Au mois de novembre 1608 , M. Charles de Neuville d'Halincourt fit son en-


  ( ï ) Voyez sur M. de la Guiche, les ÉPHÉMEIUDES (le juin , t. I e r de la REVUE DU LYONNAIS ; p . 5o6.
  (a) Tout ce qui suit est extrait de l'HlST. DE FRANCE , de Mézerai. Voyez le GRAND DISCOURS
SUR u'ACCIDENT DES GLACES ADVENU LE DIMANCHE 3 FÉVRIER r6o8, etc., publié par M. Godemard,
archiviste de Lyon ; 1834 > «1-8°, invprim. de Barret ; voyez aussi une relation du même événement
dans le premier numéro de la REVUE DU LYOKNAIS , par M. A. P . ; Lyon, Léon Boitel, i835 ; in-o\°
  (3) C'était un tailleur d'habits nommé Benoit Besson.
                                     Ve
  (4) Une transaction passée devant 3 X Guerin } notaire à Lyon , le 9 décembre 16'ai , m i t fin à ce
procès ; Besson se contenta d'une somme de cents francs