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DE LA PRIÈRE. 553 l'homme sera frappé dans l'absolu. Or le plus grand effor de la causalité est l'acte par lequel elle se met en jeu elle- même : l'héroïsme, la mort ! Force et amour, comme le di- vin!... La vertu, qui suit le travail en détail, n'est qu'une tendance à l'héroïsme. Ah ! la vertu est la fleur de croissance infinie, fleur d'ambroisie, qui fait mourir les sens à ce monde dans l'ivresse de l'immortalité... Humanité ! humanité ! pourquoi admires-tu les hommes qui savent mourir? Où y aurait-il tant de gloire à se dé- mettre de la vie? Rien n'est d'abord que la vie, le Ciel lui- môme s'en déduit; l'acte par lequel on l'expose devrait être de tous les actes le plus insensé et le plus criminel : il est le plus sublime!.... L'humanité sait donc ce qu'elle a fait! quoique dans le temps, elle se voit donc encore a la lu- mière de l'infini... Dans ces profondeurs vous devez comprendre la mer- veilleuse opération que le Saint accomplit en son être. Le Saint! il est héros dans le silence, il l'est à tous les ins- tants, et dans les moindres et les plus humbles actes delà vie, il est le héros des héros ! Comme l'infini doit bien recon- naître le Saint !.... Ils ont tourné leur face du côté de la flam- me; de leurs tempes a coulé une sueur de sang.... Ame qui pleure, sème des étoiles au-dessus du néant ! cœur qui se brise, comme une onde sacrée retombe toute en Dieu ! Voyez-vous maintenant pourquoi une espèce de sainte am- nistie s'élève des champs de bataille! Voyez-vous pourquoi Dieu a si longtemps permis la guerre au sein des hommes ; pourquoi le fer est le grand outil de la gloire et reste sacré parmi nous ; pourquoi l'antiquité , privée du sacrifice par l'âme, eut le sacrifice par le sang! Voyez-vous enfin pourquoi à cet être qui vit, il est toujours noble, toujours saint, ah ! oui toujours glorieux et divin de mourir ! Mais il ne suffit pas de mourir une fois, il faut que la liberté