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"548 DE LA PRIÈRE. confirmer l'opinion prise. La vue est toujours suivant l'ceif. La foi, c'est comme le son que donne l'âme. Celui-ci , parce qu'il lui faut beaucoup pour aimer, ne trouve pas Dieu assez bon : Pourquoi ne lui donna-t-il pas plus de biens et de bonheur sur la terre! Que des mal- heurs viennent ouvrir ce cœur égoïste , le levain de la haine se gonfle: Est-ce qu'il y a un Dieu? La grâce le louche, mais il se venge à sa manière en lui refusant son cœur. Celui-là , parce qu'il lui faut peu pour aimer, trouve toujours que Dieu est trop bon : Que de biens non mérités dont il le pourvoit sur la terre! Si des malheurs viennent découvrir les richesses de ce cœur ému, ils sent la main qui le soulage intérieurement bien avant celle qui le frappe. La tendre pensée de l'amour éclate : Ah ! puis-je assez faire pour un Dieu si bon ! Le premier devient l'homme du doute, le second l'homme de la foi. Or celui-ci est tout simplement celui qui aime, et celui-là , tout simplement celui qui n'aime pas. Quand l'un regarde dans son cœur, il n'y trouve écrit que le sou- venir du bienfait de Dieu ; et l'autre n'y voit que le vide laissé par l'ingratitude. ïl faut aimer pour croire ; il faut être bon pour aimer. Croire, c'est faire le bien quand même. Là est la preuve qu'on l'aime par-dessus tout.... La foi n'est qu'un amour bien assuré. Aussi l'Église dit-elle que nous sommes sauvés par la Foi. Douter, c'est chercher la récompense avant de s'engager. Là est la preuve qu'on s'aime soi avant tout.... Le doute n'est qu'un égoïsme déguisé. Aussi l'Église prévit-elle le malheur de ceux qui n'ont point de Foi. Le doute s'abstient : c'est-à -dire qu'il aime mieux se pos- séder que s'exposer ! Où est donc là le mouvement de l'être ?