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542 DE LA PRIÈRE. Mort; elle qui jette son corps dans l'extrême fatigue, et son cœur dans l'extrême angoisse! La mort donne à l'orgueil le coup du néant Après, l'être reprend la grande vie. Les deux remèdes de la chute devaient donc être le travail et la douleur, enfin la mort, qui les complète et achève l'expiation.... Telle fut en effet la teneur de la condamna- tion paradisiaque: le Travail, la Douleur et la Mort! Jugez si la vie a manqué à sa mission.... Il faut voir avec quel art ce traitement est appliqué à l'homme! Comme son orgueil tsl brisé parles plus vulgaires préoccupations! comme sa volonté est fouettée par le plus implacable aiguillon ! Oh ! la faim ! pauvre créature du Ciel qui cherche sa nourriture comme le plus vil animal ! Et voilà l'homme dans son rapport avec la nature... Il faut voir comme son orgueil est dépouillé par la plus horrible atteinte à sa personne; il est esclave! comme sa volonté est dépouillée de l'initiation de ses actes: encore esclave! comme son corps est dépouillé même du triste fruit de ses efforts: toujours esclave ! Et voilà l'homme dans son rapport avec son semblable... Car le monde Antique a été l'esclavage, c'est-à -dire le traitement de la Chute. Aussi le Christ est-il venu détruire ce monde et nous racheter. Mais c'est après que la nature humaine eut traversé ces quatre mille ans de travail et de douleur que l'œuvre du christianisme fut tentée. Celle révolution ontologique ne pouvait s'opérer dans l'être sans qu'il n'y eût été de lui-même psychologiquement préparé. Au moment où la chûle venait d'avoir lieu, il est évident que l'âme humaine était précisément inapte au bénéfice de la sanctification. Ah ! Dieu est le Dieu de l'être, et ne fait rien sans la liberté ! Répéter que l'homme est libre, n'est-ce pas dire visiblement que l'infini ne peut former l'homme sans lui ! On n'attribuerait