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DE LA PRIÈRE. 519 Nous avons observé la funeste génération du mal sortir du sein de l'orgueil, nous pourrions observer la sublime généra- lion du bien sortir du sein de l'humilité. Si l'orgueil nous a donné la mort, il était aisé de penser que ce serait l'hu- milité qui nous rendrait la vie! Il est donc inutile de rentrer dans l'analyse que nous fîmes pour savoir par quel mouvement l'être créé peut se séparer de l'être absolu; comment le crime de l'homme dans ce fait destructeur de la création, a été de renverser la loi fondamen- tale de l'être, conséquemment la loi de sa propre existence; inutile enfln de répéter que la loi d'individualité doit êlre subordonnée a la loi d'unité, afin que la tendance vers l'infini dépassant la tendance vers soi, l'homme ne soit pas exposé à ramasser son amour en lui-même, avec orgueil, pour se faire vainement le cenlre des choses, mais qu'au contraire il se répande hors de lui-même, avec humilité, pour se ratta- cher éternellement au centre de la vie et delà félicité. Il suffira , pour composer ce tableau , de rebrousser le même chemin. Car, si pour faire la théorie de la chute, nous sommes descendus par les divers degrés de l'orgueil, du faîle du bien ou de l'être, au fond du mal ou du non être ; pour avoir la théorie de la réparation, nous n'avons qu'à , avec l'humilité, remonter par les mêmes degrés, du fond du mal où l'âme est tombée, au faîte de l'amour, où elle est appelée dans sa glorification. D'une sotte complaisance en soi-même, nous avons vu naître l'égoïsme; de l'égoïsme, l'envie; de l'envie, la haine; puis de l'égoïsme, de l'envie et de la haine, nous avons vu se composer l'orgueil, qui n'est que la destruction en soi de l'amour. Eh bien! de la juste pudeur de soi-même, nous voyons naître la douceur ; de la douceur, la bienveillance; de la bienveillance, le dévoùment ; puis de la douceur, de la bienveillance et du dévoùment, nous voyons se composer