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                         DE LA PRIÈRE.                       513


                     CHAPITRE XXIX.



 N'EST-CE POINT PAU L'HUMILITÉ QUE L'AME SE RÉTABLIT
                        DANS L'ABSOLU ?


    L'humilité est l'aveu de notre indigence spirituelle. Si nous
observons dans quel rapport l'humilité nous place vis-à-vis de
l'être absolu, nous verrons qu'elle est l'état qui dispose l'âme à
recouvrer le plus de vigueur. Si l'être absolu a, comme amour
infini, un mouvement naturel à se répandre ; l'âme a, comme
créature souffrante, un mouvement naturel à le recevoir. Et
rien ne se trouve mieux en rapport avec celui qui donne le
 plus que celui qui a le plus besoin.
    S. François de Sales explique celte pensée avec beau-
coup d'exactitude et de grâce. « Outre la convenance de si-
militude, dit-il, il y a une correspondance sans pareille entre
Dieu et l'homme. Car, si l'homme ne peut être perfectionné
que par la bonté divine, la bonté divine ne peut bonnement
si bien exercer sa perfection hors de soy qu'à l'endroit de notre
humanité : l'un a grand besoin et grande capacité de recevoir le
bien, et l'autre a grande abondance et grande inclination pour
en donner. Rien n'est si à propos pour l'indigence qu'une libé-
rale affluence ; rien n'estsi agréable pour une libérale affluence
qu'une nécessité indigente. Car plus le bien a d'affluence, plus
il a d'inclination à se répandre ; et plus l'indigent est nécessi-
teux, plus il est avide de recevoir. C'est donc une douce
et désirable rencontre que celle de l'affluence et de l'indi-
gence ; et ne saurait-on presque dire qui a plus de conten-
tement, ou le bien abondant h se répandre, ou le bien défail-
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