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LES SEPT PÉCHÉS MORTELS. 485 Plus de moelle au cerveau, de cœur dans la poitrine ; Mais le ventre est partout, il a tout usurpé ; Alambic incessant, par l'alcool sapé, Ce riche ne vit pas, ô Lazare ! — il rumine ! Nouveau Domitien, s'il gouvernait l'état, Pour avoir un avis sur un turbot au plat,. Sans rire, il serait homme à convoquer les chambres : Lazare, qu'attends-lu? l'aumône? — Arrière enfin, Gueux plus riche que lui d'une éternelle faim, D'un bon cerveau, d'un cœur, et de robustes membres ! IRA. Soit qu'il lave un affront, soit qu'il venge un état, Qu'il dresse un guet-à -pens ou gagne une bataille, Sous la balle qui troue, ou le couteau qui taille, L'assassinat toujours est un assassinat ! Horreur! chaque soleil éclaire un attentat! Ici, c'est le stylet ; là -bas, c'est la mitraille ; Et dans nos rangs pressés, jouteurs d'égale taille, La colère et la mort prennent le même ébat! Plaintive humanité, mère qu'on martyrise, Corps vivace toujours, qui toujours agonise, L'amour étanche en vain les flots de ton sang noir ! Epuisée, un moment t'endors-tu sur ta couche, Ton bourreau te réveille avec ce cri farouche : « Desdémone ! as-tu fait ta prière, ce soir ? »