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454                  BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE.
de rappeler l'écrivain à la réserve et à la modération d'où il n'aurait
pas dû sortir.
   M. Servan do Sugny commence par se comparer, dans une es-
pèce de préface, à l'évêque Athanase qui, accusé autrefois d'avoir
coupé la main à un de ses collègues l'amena devant les juges (c'était
dans un concile solennel), et là, prouva, en lui ôlantson manteau,que
les deux mains étant intactes l'accusation était calomnieuse. A quoi
bon une comparaison si étrange et si peu concluante?
   L'entrée en matière est brusque: l'auteur a été destitué; ses
amis lui ont demandé à qui il attribuait cette disgrâce, et, sans
hésiter, il a désigné M. le procureur-général près la cour royale
de Lyon. Ils lui ont conseillé de se défendre, de se justifier, et c'est
pour obéir à ce conseil que M. Servan de Sugny nous dit :
            Examinez ma vie, et voyez qui je suis.
   Ensuite il raconte comment nommé juge-auditeur sous la Restau-
 ration, il a traversé dans sa carrière Saint-Etienne, Montbrison, Gex,
Nantua. Le tout est entremêlé de souvenirs intimes, d'anecdotes per-
sonnelles dont quelques-unes sont plaisantes; de fragments des réqui-
sitoires que l'auteur a prononcés dans quelques circonstances parfois
assez peu importantes. Nous y voyons que M. Servan de Sugny a dîné
chez Sa Majesté Louis Philippe; qu'il est marié, et comment; qu'il n'a
pas d'enfants ; qu'il fait boire de bon vin à ses amis ; qu'il aime et
cultive les lettres; qu'il est camarade de collège de MM. tel et tel. On
y voit aussi qu'à plusieurs reprises il a rendu àl'état des services signa-
lés. Puis vient la conclusion ; viennent les plaintes et les reproches
contre l'auteur d'une disgrâce si peu méritée. M. Servan de Sugny
prend sa revanche, et ne se refuse pas contre M. le procureur-
général des personnalités blessantes.
   Loin de nous la pensée de frapper un vaincu; il nous est même
impossible de prendre parti dans un semblable débat; tout ce que
nous pouvous dire, c'est que M. Servan de Sugny a pris à tâche de
nous convaincre, et qu'il ne nous a pas convaincu. A les serrer d'un
peu près, bien des arguments de sa défense tournent contre lui ; à
bien des pages de son livre, on rencontre des traces d'affectation,
de vanité, qui doivent donner beau jeu maintenant à ce qu'il appelle
ses ennemis.