page suivante »
404 LES FOINS. Et l'aiguille disait : « Moi je suis la main ferme Qui cous voile et linceul : d'un fil triple je ferme La robe de voyage où s'endort la beauté. » Et le marteau brutal, frappant le clou rebelle, Sourdement répétait : « D'un sceau discret je scelle Les trésors que le temps lance à l'éternité ! » Joséphin SOULARY. LES FOINS. Dieu 1 qu'il fait bon, le long d'un ruisseau, sous les branches, Au concert du grillon, ce rhapsode des prés, S'étendre en plein soleil dans les foins diaprés De jaune amaryllis, de trèfle et de pervenches ! Surtout quand la faneuse, espiègle auxfineshanches, Au teint bistre, à l'œil noir, aux longs cheveux dorés, Sur le râteau mouvant ployant ses reins cambrés, Au fond d'un rire frais vous montre ses dents blanches. Frais rire, blanches dents, foins aux chaudes senteurs, Vous pénètrent les sens d'aiguillons tentateurs, Et malgré soi l'on rêve à ces vallons d'Attique Où le pâtre au flanc mâle et la nymphe aux seins nus Sacrifiaient sans honte à la jeune Vénus, Sur l'autel toujours vert de la Gybèle antique. Joséphin SOULAKY.