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342 CABINET DE M. TRIMOLET. dont Michel Ange, Albert Durer et Jean Cousin sont des types; pour eux tout était du domaine de l'art, et les plus illustres ne dédai- gnaient pas d'enrichir de leur talent jusqu'aux instruments de l'u- sage le plus vulgaire. Il faut se hâter d'ajouter que ces merveilles échappées de leurs mains, devenaient la propriété exclusive d'un très petit nombre de privilégiés. On voit chez M. Trimolet plusieurs bons morceaux de sculpture ; une tête d'Alexandre, en marbre, d'un beau travail ; une charmante madone, bas-relief en albâtre ; un Jésus enfant, de F. Flamand, un fort beau Christ; un triptyque en ivoire qui était sans doute destiné à être porté comme un Eucolpium ou Phylactère (talisman, yl- WCT«, je garde), représente au centre la Vierge Marie tenant l'en- fant Jésus couronné par un ange qui sort des nuages ; deux autres anges portent des flambeaux à ses côtés ; sur les volets, on voit Sainte-Marguerite et Saint-Pierre. Ce triptyque qui a été peint comme la plupart des sculptures du moyen-âge, est un spécimen intéressant et précieux de l'art du XVe siècle; cette sorte d'amulette est encore en usage aujourd'hui partout où l'on professe la religion grecque. On les porte en voyage, et c'est à genoux devant ces images que les fidèles font leurs prières. On rencontre un assez grand nombre de tryptiques dus aux artistes byzantins, qui conservèrent longtemps les traditions de l'art antique et les portèrent en Italie au XIIe et Xllle siècle. Nous excéderions de beaucoup les bornes imposées à notre tra- vail, si nous voulions faire l'exacte énumération de tout ce que ren- ferme le cabinet de M. Trimolet, mais nous nous reprocherions de de ne rien dire d'un grand meuble sculpté, sur la porte duquel on voit le sacrifice d'Abraham, et, de chaque côté, la Justice et l'Abon - dance ; c'est peut-être ce qu'on peut voir de plus parfait en ce genre ; des crédences, des cabinets, des bahuts choisis avec goût, forment un ameublement complet, au milieu duquel figurent les hanaps , les buires, les burettes, les beaux grès flamands, tous les jours plus rares, et ces merveilleuses verroteries de Ve- nise, si légères qu'on s'étonne qu'elles aient pu arriver jusqu'à nous. Les poteries de Palissy ne sont point oubliées ; de beaux plats, un de ces grands bassins appelés rustiques rempli de serpents,