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312                        AGNÈS DE MÉRANIE.
gage une couleur chevaleresque, qui ne sent ni la recherche ni la marqueiterie.
   Il est à regretter seulement que ce style élégant et pur soit déparé par quel-
ques taches. Il est évident qu'elles n'ont point échappé au goût exercé de
l'auteur, il semble les avoir laissé subsister par une sorte de parti pris.
C'est une raison de plus pour nous d'insister sur ce point. On célèbre critique
a reproché à M. Ponsard l'abus de la périphrase ; loin de nous associer à'
cette accusation , nous ferons à l'auteur d'Agnès le reproche opposé. Il nous
semble que son vers pèche plutôt par la recherche de la concision, et qu'il
lui arrive, pour éviter un détour, de tomber plus d'une fois dans la trivialité.
Ces réflexions nous sont inspirées par la plus sincère admiration pour le
talent de M. Ponsard. Ces taches sont rares, mais au milieu de ce langage si
noble, si élevé, elles frappent l'oreille d'une manière désagréable et agaçante.
    La pièce a été vigoureusement applaudie, et c'était justice. Les acteurs ont
fait de leur mieux. M" e Martin est une belle personne, taillée en reine tra-
gique ; elle a un organe riche et varié, mais elle ne sait pas s'en servir avec
 art ; quand elle est maîtresse d'elle-même, elle dit bien et avec sentiment,
mais, dès qu'elle s'abandonne, elle tombe dans l'exagération, et confond tous
les vers, sans les nuancer, dans une déclamation saccadée et haletante. Ce-
pendant, plusieurs fois elle a été justement applaudie. M. Tony a joué avec
talent le rôle de Philippe, quoique son débit ait un peu de monotonie. Il
a eu de beaux moments au quatrième acte, mais, au contraire de M lle Martin,
il est trop maître de lui.
   M. Monrose a montré beaucoup d'intelligence dans le rôle du légat, mais
son organe ne servait pas suffisamment sa bonne volonté. L'acteur chargé du
rôle de Guillaume mérite une bonne part d'éloges.
   M)|e Dalloca est une charmante Marguerite.
                                                         J.-C. L.