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VOYAGE A VIENNE. 287 un grand nombre de moines. Il y en a moins aujourd'hui, bien que j'aie pu voir, par le couvert mis dans le réfec- toire, qu'ils étaient encore assez nombreux. Leur costume se compose d'une longue robe blanche avec capuchon, corde- lière, et de bottes à la hussarde, sur le pantalon collant, bottes nationales dont s'honore toute jambe vraiment autri- chienne. La règle de l'Ordre ne me parut pas Irès-austère, au moins sous le rapport alimentaire. J'avais déjà remarqué sur la table dressée, quoique encore inservie, des ustensiles qui n'annonçaient pas un dîner d'anachorète, composé de racines crues. De plus, ayant été introduit, par mon guide, dans la cellule d'un moine accessible, j'y trouvai le bon père som- meillant, et ayant devant lui une assiette de framboises : « C'est là que le prélat, muni d'un déjeuner, < Dormant d'un léger somme, attendait le dîner. > i > Comme toute abbaye bien faite, Ste-Croix a un vaste et beau cloître. 11 est décoré de fresques sans valeur artistique, qui sont toutefois d'un effet saisissant au premier coup d'ceil. Ce qui me frappa surtout, au milieu de la cour, c'est une ma- gnifique fontaine jaillissante, bruyante comme un torrent. On la cherche sans la trouver d'abord, n'ayant devant soi qu'un pavillon de forme originale, à vitraux coloriés, qui lui sert d'enveloppe, et pour ainsi dire de riche et brillant étui. L'eau est cristalline, et me parut excellente. Les bons Pères en font un grand cas et une petite consommation. On dit, en outre, que ce couvent possède des terres et des revenus : il est riche. Il possède encore un trésor pieux, au- quel il doit peut-être son nom : c'est une sainte croix, faite avec la vraie croix du Jardin des Olives el du Golgotha. Elle est enrichie —je voudrais un autre mot en parlant d'un tel objet — de pierres précieuses. Un frère ou sacristain tira, pour me la montrer, celte relique d'une armoire où elle est