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284 VOYAGE A VIENNE. monie avec ce bel édifice, mais en singulière opposition avec le logement ordinaire de Napoléon, tout en face. Aux deux extrémités de cet édifice qui a de l'originalité, précisément peut-être parce qu'il n'a pas de caractère précis et de des- tination bien évidente, sont deux avenues en manière de pé- ristyle, et, au milieu, un vaste salon. Le tout est surmonté d'une magnifique terrasse, d'où l'on a une superbe vue de la plaine aux batailles historiques, du grandfleuveaux hautes destinées, de la ville de Vienne, et enfin des belles mon- tagnes qui bornent l'immense horizon. C'est dans le grand salon de la Gloriette que fut donnée une fôte à nos jeunes princes français, le duc d'Orléans et le duc de Nemours, quand, dans les premières années de la révolution de juillet, ils visitèrent l'Autriche. On raconte que le bon peuple de Vienne, avide de fêtes comme on l'est ailleurs, et, plus qu'ailleurs avide de voir des princes, s'était rassemblé devant l'édifice. Un enfant se perdit dans la foule, ce qui causa quelque rumeur. Aux cris que poussait la mère, les princes autrichiens s'informèrent de ce qui était advenu, et avec cette bonté familière, propre à leur race et à leur pays, se mirent à chercher eux-mêmes, dans la foule, l'enfant égaré. Pendant ce temps les princes fran- çais, qui ignoraient ce qui se passait, et qui étaient pleins des souvenirs de Paris et de l'époque, demandèrent où en était l'émeute. Ce mol fit sourire. On se dit qu'ils étaient bien de leur pays. Une émeute U Vienne ! Mais je ne connais que Strauss qui put en causer une, s'il refusait son talent et son orchestre à une fête publique ! Au reste, les Autrichiens firent un accueil convenable aux hôtes de leur empereur. Les jeunes princes plurent beaucoup. Seulement le peuple fut lent à comprendre celle nouvelle royauté française. La France est destinée à causer bien des étonnements à celle bonne ville de Vienne!