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280 VOYAGE A VIENNE. compositions de ce grand peintre. Je n'ai jamais vu, môme à Anvers, où il a laissé tant d'immortels ouvrages, Rubens aussi puisamment représenté qu'à Vienne. Rembrandt et Vandik,—pour ne parler que des grandes œuvres, — ont aussi, dans la galerie impériale, un nombre infini de por- traits, qui sont de magnifiques tableaux, où les figures sor- tent de la toile avec celte vigueur et celte magie d'expression, dont ils avaient si bien le secret! La partie supérieure du Belvédère, renferme des produc- tions de la vieille école allemande el des artistes modernes de l'Autriche. Je ne puis ni ne veux entrer dans aucun détail à ce sujet, ayant à parler du palais de Liechtenstein et de plusieurs autres collections encore. J'ai vu, en Italie et ailleurs, de riches particuliers possé- dant, dans leurs magnifiques hôtels ou palais, de royales gale- ries, pleines de tableaux et de statues; mais je n'avais pas encore vu, comme chez le prince Liechtenstein [Roszau Vorstadt), un splendide palais d'où s'exile le maître, et où il s'interdit même l'ameublement, afin de donnera l'art une plus large et plus complète hospitalité. Dans cette somp- tueuse demeure, il n'y a de vie que sur la toile. Le seul habitant est le concierge, qui a charge d'introduire courtoisement les visiteurs par le plus spacieux et le plus princier escalier en marbre qui se puisse voir. De temps à autre, il a encore à ou- vrir les vastes portes des grands salons à quelque nouvel hôte encadré, qui a une peine extrême à trouver place dans ce pa- lais que l'art a comblé de ses œuvres. L'art l'a rempli comme un moule que la matière en fusion inonde dans toutes ses cavités. C'est à ne pas trouver où pendre une miniature! Ii faut avoir été singulièrement comblé par la fortune pour élre si bien partagé par l'art ! Mais, à la place du maître, je me rendrais solennellement un jour dans mon musée; el là je tiendrais mes grandes assisses; el, séant en mon lit de justice, je ferais