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VOYAGE A VIENNE. 27» Après avoir considéré cette triste curiosité que le nom du héros suédois recommande seul — et c'est assez — je fus tout heureux de voir et tout aise de loucher furtivement une autre relique de guerre, l'armure et l'étendard de Godefroy de Bouillon! C'est bien le drapeau des croisades, l'enseigne du pieux Bouillon, une bannière en soie rouge, avec l'image toute grande du Christ crucifié : « e grande La trionfante croce al ciel si spande ! » La couleur est un riche cramoisi, vif et bien conservé eu égard à la vétusté — la croisade et le départ de Godefroy de Bouillon remontent à 1096 — mais le tissu pend en lambeaux. Sn fain, un savant écrivain a-t-il consacré, dans notre langue et de nos jours, d'immenses et consciencieux travaux historiques aux Croisades: le véritable historien de Godefroy de Bouillon, c'est encore, c'est loujours le Tasse. Il faut le rhythme pompeux, la strophe retentissante à ces poétiques exploits; il faut les chanterl Quand, en présence de ce dra- peau poudreux, j'appelais à moi mes souvenirs de lecture et d'étude, il me semblait que le calme et patient récit de M. Michaud, n'atteignait pas à la hauteur héroïque du temps. On aime à conserver dans sa pensée le Paladin plus grand que nature, avec ses proportions épiques. Tout en gardant il portait, pendant le combat, une ceinture verte (couleur impériale), qui servait sans doute d'indication aux impériaux ; qu'enfin, après la chiite de Wallenstein, il fut convaincu de complicité avec ce général, et par consé- quent de trahison. Schiller se résume ainsi : « Pour défendre l'innocence d'un tel homme, il faut être hien accoutumé à vaincre les impressions que les probabilités peuvent faire sur notre esprit ; mais si toutes les présomp- tions morales et physiques nous prouvent que François-Albert était capable d'un lâche assassinat, il serait injuste d'en conclure qu'il l'a commis en effet. »