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192 DE LA FOI. sorte dans l'impossibilité de croire. Mais qu'espère-t-on faire lorsqu'il n'y a que de l'esprit dans l'esprit; en suivant cons- tamment le rebours de ses lois, la pensée finit à rien. Lorsqu'on ne se sent pas de besoins dans l'âme, il est tout simple que le doute y reste; et sur le doute s'affaisse l'intelli- gence. De peu d'amour sort peu de chose, on ne peut pas aller plus loin que soi. L'inspiration, au contraire, naît d'un cœur plein. La sagesse reposa toujours sur le fort équilibre de tous les sentiments. Tandisque les faux jugements parlent de sen- timents mal à l'aise. Les cœurs durs et étroits ne croient que par force; pauvre tête vint toujours de pauvre cœur. L'homme avare de son cœur se reconnaît jusque sur sa logi- que. Beaucoup disent non, et ils ne se doutent pas pourquoi ils disent non; car chacun croit parfaitement diriger son esprit! Les hommes ne s'aperçoivent point que leurs tendances in- ternes disposent sourdement d'eux-mêmes, et que c'est sur la source de leurs sentimenls qu'il faudrait veiller Il en est qui n'iraient jamais où leur raisonnement n'est pas entré; ils finissent par avoir l'esprit si court! Ils ne con- fient point leur pensée à l'inspiration pour qu'elle la porte au-delà d'eux-mêmes. La suffisance est si aveugle qu'elle se prend sans cesse pour la mesure de toutes choses. Sans se l'avouer, l'homme tâte son cœur avant de laisser partir son esprit; au fond, sa plus grande frayeur est d'arriver à des idées qui ne seraient pas d'accord avec lui-même. La pensée est toujours retenue par un fil attaché au cœur ! Les grands esprits n'auraient pas tout ce respect du genre humain, si leurs lu- mières ne résultaient que d'un degré de finesse dans le raison- nement ou de subtilité dans l'esprit. Une conscience courte ne voit pas au-delà de ce monde; et il est évident que l'égoïsme ne voudra jamais aller plus loin. Cherchez, cherchez toutes les preuves, si tant est que l'on prouve au cœur ! Les preuves sont de bons moyens pour arrô-