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VOYAGK A VIENNE. 123 statues de saints et d'apôtres, en dragons aîlès, en flèches aiguës, en gorgones grimaçantes, en toutes sortes de caprices et formes fantastiques. Mais ce qu'il faut admirer surtout à Saint-Slephen, c'est la glorieuse tour qui monte, d'un seul jet impétueux, jusqu'à une hauteur que la grande pyramide, et, peul-ôtre, la flèche de Strasbourg, ont pu seules dépas- ser, tandis que la coupole de Saint-Pierre n'a pu l'atteindre. Celle tour sublime, comme tout ce qui s'élève trop, est so- litaire : elle attend, depuis des siècles, sa compagne qui ne viendra jamais. Quand la nuit survient, quand les rues étroi- tes de la cité sont déjà dans l'ombre, elle brille encore dans le ciel comme un grand phare qui montre le port de salut : l'église. Mais les œuvres de l'homme, même les plus hardies, rap- pellent souvent ses misères : elle ressemble aux (ailles trop hautes qui se courbent avant le temps : son sommet penche, et a perdu son aplomb. Force a été de la soutenir par une sorte de nervure intérieure, et par des travaux extérieurs. Cet ébranlement fut causé par un tremblement de terre, disent les uns ; par les Turcs, en 1683, disent les autres, ou par le canon français, en 1809, dit une troisième version qui mérite bien quelque crédit. La tour de Saint-Stéphen a bien pu s'incliner, quand l'empire autrichien chancelait sur sa base, quand l'empereur François subissait la paix et l'alliance de ce conquérant que Dieu envoya, selon le mot de l'écri- ture, comme un ébranlement à tous les royaumes de la terrel Vienne est catholique à la manière italienne. Les signes extérieurs du cuite y abondent. Les statues de saints el les madones s'y rencontrent dans les rues, el particulièrement aux fontaines. 11 y a aussi en Autriche un grand nombre de couvents, qui ont d'ordinaire des revenus considérables, et possèdent de grandes propriétés. On m'a fait remarquer, dans un quartier neuf de la ville, une série d'hôtels splendides.