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120 VOYAGE A VIENNE. J'acquittai donc ce petit compte sans conteste : il ne faut pas regarder à la dépense de ses poumons. J'eus ensuite à faire connaître mes moyens d'existence, ce qui ne me fut pas un trop grand embarras, les susdits moyens étant de na- ture avouable et de démonstration facile. Gela fait, et la démonstration ayant paru complète, il ne me resta plus qu'à répondre à quelques petites questions sur ma profession, sur le but de mon voyage, sur le temps de mon séjour, sur mes projets ultérieurs, sur toutes choses enfin, et sur quelque chose encore, après quoi, je trouvai que le gouvernement au- trichien, bien qu'un peu questionneur et curieux, est moins exigeant et plus aimable chez lui qu'en Lombardie... la dis- tinction m'échappe. M. de Metlernich me la pardonne ! Et humant aussitôt le plus possible de cet air autrichien que je venais d'acheter, et qu'on ne pouvait pas me mesurer, après tout — il n'y a pas encore de compteur pour cela — je m'engageai, avec mon guide, dans les rues populeuses du stadt, ou centre: rues étroites, sinueuses, mais propres et fort bien pavées. Elles étaient animées, remuantes, bruyan- tes, foulées en tous sens par des gens à pied et des gens en voiture, bordées de belles boutiques étalées, et de grands h ô - tels qui s'étalent comme dans toute capitale bien faite. Tout cela ne manque ni de richesse, ni d'élégance. Il y a môme du goût et de la grandeur dans certaines constructions ; mais peu de cachet particulier, peu d'anciens édifices caractérisés, point d'architecture nationale, point d'art autrichien. Vai- nement on cherche dans cette belle ville cet imprévu, de pi- quante brusquerie, qui vous cause un peu de ce bon éton- nement, si précieux en voyage, et si rare aujourd'hui que le monde se met à aller du même train à peu près partout. Une chose pourtant me frappa tout d'abord : quand j ' a - vais marché quelque peu dans un sens, je me trouvais au pied d'une grande et haute muraille en briques, percée de portes