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88               ROME AU SIÉCXE D'AUGUSTE.
constamment sans nuages, et alors tu auras peut-être une légère
idée de la magie de ce tableau. »
   Cependant ce n'est pas un simple voyage d'impressions que
M. Ch. Dezobry a voulu nous raconter. Sous ce rapport même,
son livre est fécond en incidents heureusement ménagés, et con-
vient à merveille aux gens du monde qui cherchent avant tout les
plaisirs de l'imagination dans chacune de leurs lectures. Mais
M. Dezobry n'a pu consacrer vingt-cinq ans de sa vie au même but
qu'un romancier, à un simple amusement. Aux citations nombreuses
que présente le bas des pages, et qui sont destinées, comme dans
le Voyage du jeune Anacharsis, à justifier pour ainsi dire chaque
assertion et chaque parole, on voit assez, et dès le premier coup
d'Å“il, que la science de l'histoire et celle des monuments forme
la plus vive sollicitude de l'écrivain. L'Institut ne désavouerait
pas, au nombre de ses meilleurs Mémoires, une foule de ces Lettres
qui nous ont rendu la Rome impériale presque aussi familière que
la ville moderne dont nous sommes les citoyens. Tantôt c'est la
description de ce forum (Lettre III), où le peuple pasteur de Ro-
mulus devait un jour entendre la voix des Gracques et les haran •
gués de Cicéron. Tous les édifices qui entouraient la place pu-
blique renaissent comme par enchantement sous nos regards éton-
nés. Voici la basilique Aemilia, et voici le temple de César; ici se
dresse le tribunal du Préteur, et là s'arrondit le sanctuaire de
Vesta. Ailleurs (Lettre V) c'est le Champ-de Mars avec ses belles
constructions, le Panthéon d'Agrippa, le cirque Flaminius, et les
vingt-deux temples qui couvraient une partie de sa surface. Plus
loin (Lettre XVIII), vous voyez la main de. l'architecte idéal re-
lever devant vous ces portiques délicieux, où les Romains, grands
promeneurs, se rendaient chaque jour, pour voir et pour être vus ;
le portique d'Octavie, dans la région du Champ-de-Mars, le por-
tique Corinthien, celui de Neptune ou des Argonautes, celui de
Pompée surtout, le plus vaste et le plus agréable. Il se déve-
 loppait, nous apprend M. Dezobry, autour d'une aire de cinq cent
soixante dix pieds de long sur trois cent cinquante pieds de large,
avec deux rangs de galeries en colonnades sur chaque face ! Et
sous ce portique gigantesque, voyez s'empresser la (leur de la