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               ET DE L'ALLAITEMENT MATERNEL.                     55

   Voilà une véritable utopie, dira M. A.; ce sont des idées des
ennemis du gouvernement, dira M. B...; ce n'est pas pratique,
dira M. C.
   Tout cela veut dire que ce projet ne s'encadre pas dans le
budget de M. A.; qu'il détourne M. B. de son ornière, et qu'il
change quelque chose aux écritures de M. C. —
   Votre syslèmeest une rêverie.—Le vôtre est unecruaulé.—
   Si vous réussissiez, que feriez-vous de celte population ?
— Dieu n'a pas commandé aux hommes de s'agglomérer dans
tel quartier ou dans tel coin du globe, el pour cela de détruire
les enfants ou de pratiquer la contrainte morale, celle vertu
des économistes; il a d i t : Croissez, multipliez et remplis-
sez la terre, Crescite, multiplicamini et replète terram. Et la
moitié de la terre est encore inculle et abandonnée.
   Mais l'argent, d i r a - t o n ? c'est ici une question d'argenl.
Commencez par nous trouver de l'argent, el ils se mettront à
supputer combien il naît d'enfanls en France, combien il
faudra de nourrices, combien de crèches, combien de vaches,
d'ânesses et de brebis ; surtout ils calculeront ce que coûteront
chaque enfant el chaque c r è c h e , et ils tâcheront de vous
effrayer en vous jetant à la face les centaines de millions qui
seraient nécessaires pour généraliser ce système.
   Je ne sais si, de nos jours, il faut nécessairement commencer
par l'argent, mais pendant longtemps on a agi autrement;
on a fait ce qui paraissait bon et utile, on a procédé par la
charité. Si on avait commencé par compter combien il y avait
d'enfants trouvés en F r a n c e , combien ils couleraient pour
leur entretien, combien il faudrait d'hospices et combien de
 millions pour ces dépenses, les enfants trouvés seraient encore
 à la merci de la charilé publique, et nos missionnaires n'au-
 raient pas l'idée d'aller sauver ceux de la Chine et du Japon.
 Si saint Sacerdos avait attendu d'avoir des fonds dans sa caisse
 pour bâtir l'Hôtel-Dieu de Lyon, l'Hôiel-Dieu serait encore à
 bâtir. Si les financiers du temps étaient venus donner leur
 avis sur les moyens de nourrir et d'adopter les orphelins