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46                        DES CRÈCHES

 dans une chute, noyé dans une marre. Les soins sont aussi
 à craindre que la négligence el l'abandon. Une maladie est
 presque toujours moins grave que le traitement qu'on lui
 applique. Tout le monde est. consulté pour cela, la matrone,
 le vétérinaire, l'herboriste, l'empirique, tout le monde ex
cepté le médecin. Le remède le plus bizarre, le plus dégoû-
 tant est toujours le meilleur. Une chute, une entorse, une
fracture sont des infirmités pour la vie, car c'est le renoueur,
c'est le sorcier, c'est le bourreau qui est appelé à guérir ces
maladies !'. Et l'enfant du peuple n'a-t-il à craindre que l'igno-
rance de ses nouveaux parents. Que sont-ils, on l'ignore ?
Quelle garantie ont-ils donné de leur probité, de leur santé,
de leurs ressources, aucune. Quelque certificat insignifiant,
voilà tout ce qu'ils montrent. Heureux encore quand la nour-
rice vient elle-même chercher cet enfant, se montrer aux
parents. Le plus souvent c'est une messagère qui l'emporte,
el qui se charge de le placer.
   Les résultats sont tout-à-fait en rapport avec un semblable
état de choses. Écoulez ce que disail un journal, il y a quelques
jours, en parlant de la mortalité en Angleterre.» Les faits les
plus graves et qui doivent exciter les plus sérieuses réflexions,
sont ceux qui ressortent du calcul de la mortalité dans les
grandes villes industrielles, telles que Manchesler, LiverpooL
et Birmingham. Cette mortalité frappe surtout sur les enfants
en bas âge. Durant sept ans, sur 21,152 enfants, 20,726 ont
péri à Manchesler par l'effet de l'abandon, de l'insalubrité, de
la mauvaise nourriture. A Liverpool, le nombre n'est pas
moindre el généralement dans toutes les villes d'Angleterre,
on compte la même proportion dans cet immense sacrifice
des innocents aux exigences du travail industriel. »
   Le labeur opiniâtre de la manufacture entraîne la mère
loin de chez elle. Elle ne peut prendre soin de son enfant el
la nécessité la contraint à des ressources perverses. Pressée
de se rendre à l'alelier, elle assoupit les cris et la faim de la
pauvre créature, en l'abreuvant d'opium, de cordial de