Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                        EXCURSION DANS LE MIDI.                                29

  Le grand seigneur ministre ne répondit point.
   Quanta George Roux, on poussa l'ingratitude jusqu'à lui con-
tester ses droits à une faible part de l'argent que les Anglais
avaient compté à la France à litre d'indemnité des prises illé-
galement faites. Au nombre de ces prises figuraient pourtant
huit vaisseaux appartenant à George Roux!.... Mais à celte
époque de dilapidations traîtresses, les seuls services rému-
nérés à la cour étaient ceux que rendaient les mallôtiers et
les courtisanes. La majesté royale s'ébaudissait dans les orgies
du Parc-aux-cerfs. Mm« de Pompadour lavait fait son temps.
Il fallait préparer la dot à une autre joyeuse fille; on sait
dans quel bouge on alla chercher celte digne rosière, Jeanne
Vaubernier, depuis comtesse du Barry. Avec l'indemnité due
à George Roux, Louis XV bâtit le châleau de Luciennes, (1) près
de Marly. Là il arriva souvent que le roi très chrétien fit du

et d'apprécier les biens qu'il a faits à cette ville.... On l'a vu toujours en-
treprenant', toujours zélé, toujours fidèle à son prince, aplanir les difficultés,
vaincre tous les obstacles pour servir le roi et l'état.
   « Pourrions-nous éviter de donner, dans une circonstance si intéressante, à
cet homme dont la bonté se découvre par la patience et la tranquillité, à
cet homme toujours dirigé par des principes d'honneur et de justice, qui
 se dépouille de tout pour satisfaire exactement à ses engagements, des mar-
 ques de notre reconnaissance et de notre attachement. Quelqu'un qui a aussi
bien mérité de la patrie et de l'état, que M. le marquis de Roux, excite né-
cessairement l'intérêt le plus vif et le plus pressant. »
    (1) Voici une simple histoire qui fera très bien connaître les habitudes jo-
 viales du château de Luciennes :
    Madame Dubarry, se promenant un soir avec le roi de France, aperçut une
 vachère de quatorze ans qui oubliait ses bêles pour contempler le monarque.
 La vachère était jolie ; la maîtresse en titre était, ce jour-là, fort gaie, le roi
 de France ennuyé. On résolut d'imaginer quelque chose de plaisant qui put
 distraire Sa Majesté. La vachère fut donc emmenée au pavillon de Luciennes,
 trempée dans un bain à deux ou trois eaux, et admise en grande toilette au
 petit souper royal. L'histoire ne dit pas ce que devinrent les bêtes; elle ra-
 conte seulement que la pauvre fille se maria fort bien à cause de la circons-
 tance.