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EXCURSION DANS LE MIDI. 21 La gloire de l'Empire est incontestable et incontestée, mais récapitulons un peu ce que nous a valu cette gloire coulée sur le marbre et le bronze des arcs de triomphe de la barrière de l'Etoile, du Carrousel et de la porte d'Aix : elle nous a valu deux invasions, la restauration avec son milliard d'indemnité, la perte du territoire conquis, l'abandon de la Louisiane et le sang de deux millions d'hommes. Conservons les monuments élevés à la guerre comme un témoignage de la valeur et du patriotisme de nos pères, mais n'élevons plus de monuments qu'au bonheur du peuple. Le bonheur des hommes, n'est-ce pas là une conquête bénie de Dieu, et quelle gloire plus grande et plus sainte pourrait- on lui comparer ? L'obélisque de la place Castellane qui se trouve au bout de la rue de Rome, en axe de l'arc de triomphe de la porte d'Aix, devait éprouver plus de vicissitudes encore que celui-ci dans la pensée qui a présidé à sa construction : érigé d'abord en l'honneur du mariage de Napoléon avec Marie Louise, con- sacré ensuite à la mémoire du roi de Rome, puis à celle du duc de Bordeaux, le voilà aujourd'hui voué à la révolution de juillet. — Est-ce votre dernier serment? demandait un intime à Talleyrand le lendemain de l'installation de la dynastie de juillet. L'ancien courtisan de la République de l'Empire et de la monarchie de Louis XVIII, ayant répondu par le silence. — Qui ne dit mol consent, reprit l'interlocuteur. — Qui ne dit mot attend, riposta le malin prince. J'ai remarqué que les écussons de l'obélisque destinés à recevoir des inscriptions gardent aussi le silence. Est-ce que l'obélisque de Marseille attendrait, comme M. de Talleyrand? Les églises, à Marseille, n'offrent rien de remarquable aux amateurs de l'architecture gothique. La cathédrale, la Major, restaurée à plusieurs reprises, est très proprement badi- geonnée et la plus ancienne église de la ville ; elle fut, dit-