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242 bras à l'émeute et des dangers toujours imminents aux grandes villes, est le plus éloquent appel aux méditations des économistes. Napoléon sentait l'urgente nécessité d'améliorations à in- troduire dans la législation relative aux mendiants. Il avait saisi d'un coup d'œil la profondeur du mal, et le 24 novem- bre 1808 il écrivait, de sa main, la lettre suivante à son minis- tre de l'intérieur, dans laquelle, invoquant la postérité et le bien du pays, il enflammait le zèle de ses administrateurs, zèle si souvent égaré dans les lenteurs de la routine. « J'attache une grande importance et une grande idée de « gloire à l'extinction de la mendicité; il me semble que tout « cela marche lentement et les années s'écoulent. Il ne faut « point passer sur cette terre sans laisser des traces qui re- « commandent notre mémoire à la postérité. Je vais faire « une absence d'un mois. Faites en sorte qu'au 15 décembre « vous soyez prêt et que je puisse, par un décret général, « porter un dernier coup à la mendicité. Il faut qu'avant le « 15 décembre vous ayez trouvé les fonds nécessaires à l'en- « tretien de soixante à cent maisons pour l'extirpation de la « mendicité, que les lieux où elles seront placées soient dé- o signés et le règlement mûri. r « N'allez pas me demander encore trois ou quatre mois « pour avoir des renseignements; vous avez de jeunes audi- « leurs, des préfets intelligents, des ingénieurs des ponts-et- « chaussées instruits, faites courir tout cela et ne vous endormez « pas dans le travail ordinaire des bureaux. « Préparez tout de manière qu'au commencement de la « belle saison, la France puisse être le spectacle d'un pays « sans mendiants, et où toute la population soit en mouve- « ment pour embellir et rendre productif notre immense « territoire. » Nous avons toujours préfets et auditeurs; l'on fait courir tout cela, les circulaires abondent, le travail ordinaire des bu- reaux est décuplé, les demandes de renseignements se multi-