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BIBLIOGRAPHIE 747 Avenir infini, renaissance éternelle, Que l'homme ne peut-il un jour ouvrir son aile Au bord d'un nid joyeux, sous un rayon d'été, Aimer, chanter, jouir, s'enivrer de clarté, Et, sans que le néant l'épouvante ou l'étonné, S'endormir à jamais par un beau soir d'automne ! - Je n'aime pas beaucoup non plus l'idée fondamentale de VEvéque. Elle me fait songer involontairement, j'en demande bien pardon à l'auteur, et malgré la distance qui sépare une œuvre badine d'une poésie sérieuse, à certaine épitaphe graveleuse que composa le prince de Ligne pour un évêque de Pise Bigot devant le monde, impie aux yeux de Dieu, Libertin, hypocrite, et friponnant au jeu... C'est tout ce que la décence me permet d'en citer. Si je fais ces réserves, c'est que j'ai beaucoup à louer dans ce recueil. Certains tableaux antiques sont admirables de facture et de conception : Sous Bois, l'Exilé, Ce que voit le Pharaon, La Coupe du roi de Babylone, sontdes peintures achevées. Parmi les sujets plus modernes, le Pôle est d'une large envergure. Cet hom- mage rendu aux martyrs de la science est exprimé d'une façon superbe. Les pensées les plus nobles s'y pressent. C'est une touchante et originale conception que celle de Vite Missa est. Quelle sainte figure que celle de ce vieux prêtre qui, d'année en année, voit diminuer le nombre des fidèles agenouillés aux pieds delà crèche de l'Enfant-Dieu naissant ! Un jour vient où, il est seul devant l'autel. Je ne puis m'empêcher de citer le passage, je voudrais pouvoir le donner dans son entier : Des apôtres tout bas récitant le symbole, ,'.' Il regagna le chœur solitaire et glacé, Et courbé, revêtit la chasuble et l'étole ; Il prit le Livre plein des choses du passé, " Le posa sur l'autel d'une main ferme encore, Et commença l'office, ainsi qu'il est fixé. Et seul, il accomplit le très saint sacrifice, Gomme si, près do lui, debout sur le degré, Un témoin invisible eût répondu l'office. Mais dès qu'il eût reçu le pain pur et sacré Où se cache le Dieu qui naquit d une femme, Et vidé jusqu'au fond le calice adoré, Dès qu'à l'à me du Christ, il eût uni son âme, Il sentit en ses flancs courir un froid mortel, Et, sous les noirs arceaux sinistres et sans flamme, Tomba, roide et livide, aux marches de l'autel. A lire de si beaux vers, on peut s'écrier san1! crainte : Voilà de la grande et vraie poésie ! Voilà l'inspiration ! CH.LAVENIH.