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FEL1BRIGE 535 nouveau le diable qui reprend vie et s'enfuit en vociférant par où il était tombé. Pas plutôt disparu que dans tout le château s'entendirent des traînéesde chaînes, des tintements de sonnettes, des bruits de chaudrons, des miaulements de chats, des sifflets d'enfer et tout un vacarme qui allait graadissant de plus en plus. Néanmoins, lorsque minuit sonna, le vacarme s'amortit dans le vieux manoir et le grand diable, une lanterne fantastique à la main, apparût de nouveau à Jean, et de sa voix rauque lui cria : — Jean, si tu n'as pas peur viens avec moi. ' Aussitôt le diable ouvre la porte d'un long couloir où sur le sol, au plafond et le long des murs on voit, dans une ronde ébouriffée, passer et repasser des chats sauvages et des serpents en furie. Au fond du couloir et contre une dalle énorme, le diable s'arrête, et de ses doits crochus soulève la dalle comme s'il avait soulevé une plume, et découvre un souterrain noir et profond où le diable et Jean descendent, et en avant ! ils descendent, descendent!... A la fin ils se trouvent dans une grotte obscure et froide. Au milieu, sur deux quartiers de pierre brute, est une cuisse de mort. Le diable la gratte avec ses ongles en décrivant treize cercles diffus. Le couvercle se soulève seul : un mort, maigre, décharné, sec comme une allumette et raide comme une perche, se dresse sur sa caisse, et comme un chien sortant de l'onde il secoue son suaire, s'éparpille, regarde étonné, puis, se ressouvenant, dit à Jean : — Merci! de tout cœur, grand-merci! Tu m'as délivré des griffes de Satan. Depuis cent ans, enfermé dans mon suaire, j'attendais une âme chrétienne et un cœur vaillant pour me sortir d'ici. Tu es venu me sauver et finir mon purgatoire. Tiens! voici les trésors que j'avais amassés en volant le pain du pauvre. L'or, l'argent,- les diamants, le château, tout est à toi, tu l'as gagné, fais-en bon usage, Adieu... Et disparût comme un éclair. Jean ne vit plus qu'un faible rayon de lumière passant au travers d'une fente : de tou biais que li membre esparpaia e refan lou diable chapouta, que repren vido. e s'es- bigno en quilant de mounte èro toumba. Pas pulèu a des pareigue que. dins tou lou castèu, s'ausis de tirassa de cadeno, de dindin d'esquerlo, de brut de peiroù, de miaula de cat, de siblet d'enfer, e tout un chafaret que crèis de mai en mai. Pamens quand miejo-niue sounè, lou chafaret s'amourtiguè dins lou vièi castelas, e lou grand diable,, uno lanterno fantastico a la man, parois mai davan, Jan. e de sa voues rauco ie crido : Jan, s'as pas pou, vène emè ièu. E subran lou diable duerb la porto d'où long courredou, e sus lou sou, au plafoun, contro li paret, vesias, dins un brandi espeloufi, passa e repassa de serpatas e de cat-fèr enmalicia. Au bout doû courredou e contre uno groso espetaclouso lou diable s'arrèsto, e de si dit de cro.de roumono aubauro la groso coume s'avié auboura 'no plumo, e des topo un trau nègre e founs ounte lou diable e Jan davalon, e Zoù ! davalon, davalon! A la fen se devlnou dins une baumo sourno e frejo. Au mitan, sus dous queiroun, i'avié 'no caisso de mort. Lon diable emé sis ounglo la grato e ie fai trege cièucle entourtiha ; lou curbecèu s'aubouro tout soulet; un mort maigre, descarna, se coume uno brouqueto e rede coume un baroun, se drèisso sus sa caisso, e, coume un chin que sort de l'aigo, espôusso soun susà ri. S'espar- paio, aluco espanta, piéi se rememôrio e dis a Jan : « Gramaci ! de tout moun cor gramaci! m'as delièura dis arpo de Satan. Despièi cent an, embarra dins moun susà ri, espe- rave uno amo crestiano e un cor noun pôutroun pèr me pôutira d'eici. Sies vengu me traire en terro sauvo e fini moun purgatôri. Té ! vaqui li trésor qu'avièu acampa en raubant lou pou di paure. L'or, l'argent, li diamant, lou casteù, tout es tieu : L'as gagna. Fai-n'en bon usage. Adieu... » E coume un lamp s'esvalis. Jan veguè plus rèn qu'un rain menu de v clarta que toumbavo d'uno asclo ero lou soulèu