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742 LA REVUE L Y O N N A I S E Aubanel et théâtre provençal le préoccupent tour à tour et nous apparaissent très finement étudiés par une main de plus en plus sûre. Les quatre derniers chapitres des Étapes, concernant Aubanel, Pereda, Mistral, la poésie et le roman en Catalogne constituent donc la maîtresse partie du recueil. La préoccupation naturaliste de l'auteur et l'application de ses théories, d'ailleurs justes, y est incomparablement plus égale que dans ses études sur nos romanciers français contemporains. Mais, tenant a nous donner à tout prix son propre, document humain, M. A. S. n'a rien changé aux pages de sa première jeunesse. Dans son Th. Aubanel il entreprend avec succès l'analyse complète de l'admirable Pain du péché, un drame d'amour et de soleil qui aurait placé du coup son auteur au premier rang des artistes du siècle s'il n'était déjà bien près de Mistral par ses hymnes passionnés. Tout le chapitre est à étudier : c'est ce qui a été écrit de mieux jusqu'à ce jour sur le théâtre provençal. Quant à l'appréciation que M. S. fait de Nerto, je me bornerai pour la réfuter à reporter le lecteur à ce que j'en ai déjà dit, en parfaite connaissance de cause. Se lancer comme il le fait, à corps perdu, dans un jugement comparatif, est méconnaître à la fois et les intentions intimes de Mistral et la fine destination de sa nouvelle, qui, comme telle, est géniale. Je ne voudrais pas faire croire, par ces réticences, à une médiocre impression de ma part. Ces Etipes d'un naturaliste, en ce qui concerne la Catalogne, l'Espagne et même la Provence étaient un livre nécessaire, complétant les travaux antérieurs de M. Albert Savine. Je suis trop peu catalaniste, je l'ai prouvé quand il s'est an de présenter d'un coup son introduction si remarquable à VAtlantida pour discuter critiquement la majeure partie de ce livre. Mais que chacun y cherche l'intérêt que j'y ai trouvé et ce sera justice. L'étude instructive entre toutes, pour les lecteurs français et la plus longue est encore celle qui traite d'Aubanel, et du théâtre provençal. Ce théâtre prend en effet quelque développement. Si le félibrige veut vivre il n'a plus qu'à travailler pour la scène et aussi et surtout à cultiver la prose. C'est le seul moyen qui lui reste de conquérir le peuple. P A U L MARIÉTON. UNE VICTIME DE BEAUMARCHAIS, Un joli vol. in-18 anglais. Paris, Pion, éditeur. Lyon, chez tous les libraires. Prix : 3 fr. 50. « Ecrivain éloquent, censeur habile, gazetier véridique, journalier de pam- phlets; s'il marche, il rampe comme un serpent; s'il s'élève, il tombe comme un crapaud. Enfin, se traînant, gravissant, et par sauts et par bonds, toujours le ventre à terre, il a tant fait par ses journées qu'enfin nous avons vu de nos jours le corsaire allant à Versailles, tiré à quatre chevaux sur la route, portant pour armoiries aux panneaux de son carrosse, dans un cartel en forme de buffet d'orgues, une Renommée en champ de gueule, les ailes coupées, la tête en bas, raclant de la trompette marine; et pour support une figure dégoûtée, représen- tant l'Europe; le tout embrassé d'une soutanelle, doublée de gazettes, et sur- monté d'un bonnet carré, avec cette légende à la houppe : qu'es aco ? Marin. » C'est le personnage ainsi traîné sur la claie par la verve implacable de Beau-