page suivante »
744 LA REVUE LYONNAISE REVUE DES LIVRES ET DES ESTAMPES, dirigée par M. JOSÉPHIN PÉLADAN, avec le concours d'écrivains spéciaux. (MENSUELLEI. Paris, rue d'Argenteuil, 16, Librairie Moderne, 7 fr. par an. Voici une très intéressante revue critique qui n'en est qu'à son second numéro (le troisième paraîtra en même temps que ces lignes) et s'impose, à la première lecture, par sa physionomie tout à fait originale et — comment dire ? — byzantine. Notre compatriote M. Joséphin Péladan, l'auteur du très surprenant livre le Vice suprême, roman de décadence, dont on a entretenu nos lecteurs, est lui aussi un grand d'Espagne de là plume, toujours flamberge au vent pour son idée et pour sa foi. Disciple fervent, que dis-je? alter ego de Barbey d'Aurevilly, il épouse la cause et les convictions de son maître, — un maître aussi pour tout le monde, — avec une désinvolture de style et d'esprit profondément intéressante. On devine déjà quel est l'idole qui trône sur l'autel central de ce nouveau temple. L'auteur du Chevalier Destouches est dieu et M. Péladan est son prophète. Il y a par exemple, de petites chapelles, dans cette église Bas-Empire, pour des demi- dieux que je comprends aussi,mais à des degrés qui ne sont pas lesmêmes, etque l'auteur principal de la Revue (de même que Mme de Rute-Ratazzi est le rédacteur quasi-universel de ses Matinées espagnoles) semble placer sur des piédestaux. de même hauteur : —les Concourt, Léon Bloy, etc., pour les lettres ; Puvis de Chavannes, Gustave Moreau et Félicien Rops, pour les arts I — J'ai donné une idée des tendances esthétiques de M. Péladan, d'ailleurs très juste critique pour toute littérature saine, vraiment française et de bon sens. Ainsi j'approuve pleinement la fin du très aimable article qu'il consacre à mon livre la Pléiade lyonnaise (1 er novembre). « Soulary est le seul poète qui mette un poème dans un sonnet et, des trois volumes de son œuvre, ou extrairait une anthologie à la fois classique par l'impeccabilité de la forme, originale et neuve pour la conception et le tour... Son destin est beau de n'être jamais popu- laire et de rester la joie des seuls initiés. Si les douaniers du pont des Arts ne lui préfèrent pas un saltimbanque, un duc, un notaire ou un normalien, il fera à cette compagnie bien de l'honneur, à nos yeux, en y entrant. Des Quarante, à quoi bon? 11 est des quatre ou cinq premiers poètes du siècle. I Depuis mon dernier article sur les Quarante, les péripéties do la candidature de mon illustre ami ont été assez retentissantes pour n'en rien laisser ignorer à personne. Il me convient cependant de lui rendre hommage une dernière fois sur la manière dont il a su se tirer des coteries académiques. Comme toutes les Sociétés auxquelles ne préside plus l'esprit de leur fondateur, l'Académie a prouvé, une fois encore, son indifférence littéraire et son absolu mépris de tout ce qui n'est pas parisien. Le mot a combinaisons » employé par Soulary dans sa lettre au Secrétaire perpétuel, et qui a si fort blessé les Quarante, avait été employé, cependant, par l'un d'eux comme répondant seul aux intrigues purement mondaines de la docte compagnie. Mais le poète lyonnais devait s'en tirer avec les honneurs de la guerre. L'opinion