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736 LA REVUE LYONNAISE choc ou sous l'influence de l'étincelle électrique, au moment où elle doit agir ; tantôt, au contraire, elle est directement portée par un bateau spécial jusque sous le navire qu'elle fait sauter corps et biens, alors qu'il se croit en toute sécurité loin de son ennemi. On lira avec le plus grand intérêt ce petit volume que la librairie Hachette vient de publier. C'est un traité complet mis à la porté de tous. On y trouvera successivement : l'origine et l'histoire de l'art torpedique, ou de la guerre sous l'eau: la description de tous les systèmes de torpilles fixes ou mobiles inventées jusqu'à ce jour; la tactique des combats torpediques et les opérations de guerre qui s'y rattachent; enfin une histoire militaire des combats ou la torpille a joué son rôle. Ajoutons que dans le texte, 82 charmantes vignettes vienent encore aider à la compréhension de la partie mécanique ou scientifique de cet ouvrage. L. VOYAGES DE GULLIVER. Traduction de B. H. GAUSSERON, un splendide vol. in-8, avec illustrations en couleur, 20 fr., relié 25 fr. —Paris, Quantîn, 1885. (Voir aux annonces). Le GULLIVER de M. Quantin est le premier pas fait dans le sens de la vulga- risation de la chromotypographie. C'est le premier volume édité par ce procédé qui soit réellement à la portée du grand public. Et il se présente merveilleuse- ment au moment des étrennes. Nul doute que la faveur, dont il ne peut manquer d'être l'objet, ne récompense, comme ils le méritent, les efforts intelligents de l'imprimeur. Par son prix en effet (20 francs), il est plus abordable que le Conte de l'Archer ou la Matrone du pays de Tsoung de M. Lahure, magnifiques publications de bibliophile, mais qui sont par cela même interdites à plus d'une bourse. Et d'autre part, le chef-d'œuvre de l'humoriste anglais attirera plus facilement les lecteurs qui aimeront à retrouver dans un volume de luxe ces étonnantes aventures que tout le monde connaît. Sous tous les rapports, on peut dire que l'édition est irréprochable; son format grand in-8°, sa riche couverture en couleurs, cadre et illustrations sur papier japon, lui donnent un aspect des plus attrayants. Le caractère est beau ; le tirage excellent, exécuté avec grand soin. Mais ce qui en fait le charme principal, ce sont les 250 aquarelles typogra- phiques de M. Poirson, pleines de verve, d'originalité, et admirablement trans- posées par des ouvriers habiles. Pour mener à bonne fin l'illustration des grandes œuvres littéraires, ce n'est pas tout que de connaître les seerets du dessin et les procédés de la couleur. Il faut de plus être doué d'un esprit fin et cultivé qui sache se pénétrer de la pensée de l'écrivain dont il décore les pages. Le pinceau de l'aquarelliste peut commettre des contre-sens tout comme la plume du traducteur. Le même artiste peut réussir admirablement avec un écrivain, qui échouera avec un autre. Pour le Gulliver, rien ne convenait mieux que cette folle et fantaisiste illustration en couleurs, avec sa liberté d'allures, sa façon de s'étaler sans gêne au milieu des pages, les découpant, laissant déborder sur elles les bavures du pinceau, serpentant sans règle, mettant dans un coin une toute petite vignette, ailleurs couvrant la page entière. A parcourir ce volume, le plaisir du lecteur est doublé, il est dans un enchantement perpétuel.