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632 LA R E V U E LYONNAISE
disputer, a u n e époque d'affreuse barbarie morale, les maîtres delà pensée et les
princes de l'Art.
Mais le chapitre à coup sûr le mieux digéré et le plus solidement instructif du
volume est celui qui traite de la Renaissance française dérivant de celle d'Italie
en l'épurant. Jamais le xv° siècle artistique français n'a été aussi justement
apprécié. Cette page historique restera pour le pi us grand honneur de l'écrivain.
PAUL MARIÈTON.
SAINT FRANÇOIS D'ASSISE ( I . Vie de Saint François. II. Saint François
après sa mort). — Paris, Pion et Nourrit, un beau vol. in-1., Jésus, de 450
pages, avec 9 belles gravures. Prix, 50 francs.
Eu ouvrant ce splendide volume, monument élevé par les Franciscains à leur
Père, on se sent saisi d'une émotion naturelle à quiconque s'occupe d'art, de
poésie et de problèmes sociaux.
Cette -œuvre fait s'agiter en nous trois questions. Elle nous découvre la source
et l'inspiration de l'art en Italie. Elle nous indique où fut puisée cette flamme
poétique, qui, de saint François arrive à son apogée et se personnifie en Dante.
Elle remue le cœur et explique ce grand problème que les hommes seuls ne
pourront résoudre s'ils ne cherchent l'élément divin pour le comprendre et
l'expliquer.
Ce livre si soigné, enrichi de reproductions exquises des œ u v r e s de Giotto,
de Fra Angelico, Luca délia Robbia, Murillo, expose avec une maestria digne
d'éloges, les vicissitudes de l'art en Italie à son origine surtout. Elle fait mieux
comprendre que saintFrançois, ce saint si populaire, ce génie charmant et idéal,
forma, inspira l'Ecole florentine dont Giotto fut la première expression ; école,
qui se dégage des langes du byzantinisme, du convenu, pour ne plus représenter
que le vrai, le naïf. Le Pauvre d'Assise devait à sonâme, et par le seul spectacle
de sa vie, de conduire au vrai à l'amour idéal qui transperce sous les formes don-
nées par les peintres au Christ et à ses saints.
Et quant à la poésie, celui, qui la cultiva p a r l e seul fait de son âme ardente,
celui qui composa le cantique du soleil ouvrit la voie à des disciples tels que Fra
Jacopone, frère Pacifique et Jacomino, les précurseurs de Dante; ils furent les
premiers qui essayèrent de fixer leurs essais en langue vulgaire.
La troisième et la plus grande idée que nous trouvons en ce volume, est le
moyen que prit saint François pour réconcilier la pauvreté avec, son siècle enclin
à la mépriser et à délaisser les malheureux ; il mit dans les cœurs un peu de cette
mansuétude qui le faisait aimer et converser familièrement avec les petits, les
oiseaux... C'est ainsi qu'il renouvela au treizième siècle la pureté de la doctrine
du Christ.
Qu'on lise donc ce livre sple'ndide, il donnera à tous une réelle jouissance
artistique, et fera songer et rêver à l'apaisement des mailx qui dévorent notre
société actuelle. Peut être encore y verra-t-on le remède par ce mot du saint:
Charitas. Ëi Mi