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730                       LA R E V U E LYONNAISE
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Monde, il ne semble P qu'elles puissent en déplacer les traits généraux et en
changer sensiblement la physionomie. La thèse que M. Charnay a développée,
indiquée déjà par MM. Stephens et Humbold et admise implicitement par tous
les anciens chroniqueurs, sera la souche sur laquelle viendront se greffer les
théories de détail, qui ne manqueront pas de surgir à mesure que l'on étudiera
davantage cette civilisation si intéressante et si longtemps méconnue.
                                                                       L. P.



      VOYAGE AU SOUDAN FRANÇAIS, (Haut-Niger et Pays de Segou), 1879-1881,
       parle COMMANDANT GAmENi,in-8* Jésus, de 632 pages,illustrédel04 gravures,
       2 cartes et 15 plans. Paris. Hachette, 1885.

   Tout ce qui touche à nos colonies, à leur avenir, à leur extension, est aujour-
d'hui d'une actualité trop palpitante pour que le récit d'un voyage d'exploration
d'autant d'importance que celui du Commandant Gallieni puisse passer inaperçu.
Ce n'était pas, d'ailleurs, chose facile que de pénétrer en 1879-1880 dans ces
régions inexplorées du Haut-Sénégal et du Haut-Niger, alors en pleine efferves-
cence politique et religieuse. Et cependant, si l'on jette les yeux sur la belle carte
qui accompagne le Voyage au Soudan français, on est frappé de la situation
vraiment exceptionnelle de cette ligne qui, partant de Bakel et Médine, suit le
Sénégal, puis le Ba-oulé pour aboutir, dans la vallée du Niger, à Bamako et
longer ensuite ce dernier fleuve jusqu'à Segou et Tombouctou. C'est l'itinéraire
de la mission Gallieni. — Lorsque les événements permettront à la France de
reporter plus particulièrement ses regards sur le continent africain, cette ligne
sera certainement une des parties les plus prospères de l'immense voie commer-
ciale et stratégique que l'on lève d'établir entre l'Algérie et le Sénégal.
   L'importance diplomatique considérable du but que s'était proposé l'initiateur
de ce voyage, le général Brière de Lisle, n'a pas fait oublier aux vaillants officiers
qui l'ont accompli le côté scientifique, du reste intimement lié au succès de
toute expédition de ce genre. Malgré les fatigues, malgré les dangers réels
qu'ils ont couru — la partie principale de la caravane fut assaillie et faillit être
complètement détruite par les habitants du Baledougou, —ces cinq hardis pion-
niers (MM. Gallieni, Pietri, Vallière, Tautain et Bayol) ne cessèrent d'observer,
d'étudier soigneusement le pays et les tribus demi-idolâtres et musulmanes qu'ils
y rencontrèrent.
   On trouvera dans l'ouvrage du commandant Gallieni des détails circonstanciés
sur les mœurs, les usages, le caractère, l'état religieux et social des peuplades
nègres de cette contrée dont beaucoup de points encore n'ont pas été foulés par
les pieds de l'Européen, ainsi que de nombreux renseignements sur sa topographie
et ses richesses naturelles. Le récit, toujours attachant, parfois dramatique, est
marqué au coin d'un esprit élevé et convaincu de la grandeur de sa tâche. Aie
suivre, on se sent entraîné peu à peu par ce souffle de patriotisme qui circule
entre les lignes de ce livre, et l'on se plaît à placer le nom de son auteur à côté
de ceux des Garnier, des FJatteis, des Savorgnan deBrazza. Si jamais la France
possède un véritable empire colonial, c'est à cette légion d'élite qu'elle le devra.
Qu'on nous permettre de joindre nos humbles applaudissements au concert uni-
versel d'éloges qui s'élève autour de ces noms.                           L. P.