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                          LA BERNARDA-BUYANDIRI                                             647

 c'est que nos plus anciens textes, lesquels ne remontent pas au delà
 du premier quart du quatorzième siècle, distinguent encore fort
délicatement les différentes voyelles métatoniques et font subir à
 chacune d'elles un traitement spécial.
    On trouve en effet dans Marguerite d'Oingt : atris, alter p. 76 ;
 autri, altri p. 39; dire, dicere, p, 47 ; frare p. 57, mare^. 49 ; orne,
 hominem, p. 41, 42; noble p. 4 3 ; naytre, p. 6 5 ; pare, p. 4 7 ;
 nostri, noster, p. 50, 51, 72 ; vostri, p. 60; semblable *simulabilem,
 p. 62 ; prendre, p. 37. L'U post-tonique permute au contraire très
 régulièrement en 0, et l'O persiste : autro, alterum p. 46 ; autros,
 alteros, p. 57 ; conoisso, cognosco, p. 36 ; desirro, desidero, p. 36 ;
 espacio, p. 67, 68 ; livro, p. 36 ; miraclo, p. 72 ; seglo, p. 39, 47;
 siecho, sedium, p. 65 ; vostro, vestrum, p. 56.
    Dans les Textes inédits et dans ceux publiés par M. C. Guigue,
 à la suite du Cartulaire d'Etienne de Villeneuve : vendres veneris
 dies, ordres ordines et veyros, templo, etc.
    Cette distinction délicate entre les diverses atones latines s'effaça
 peu à peu; Vo devint la désinence masculine habituelle et
 s'étendit à des mots où il n'avait aucune raison d'être, tels que :
fraro, noblo, peyvro, reyalmo, veindros. Je relève déjà dans Marguerite
 d'Oingt quelques marques de cette tendance à faire de Vo la dési-
 nence du masculin et de l'a celle du féminin : membros, p. 46, et
 nobla, nobilem, p. 46.

   A POST-TONIQUE. H demeure sous sa forme latine : porta 1 13,
bella 1 1, una I 7, renversa I 81, tabla II 186, damoisella 11 217,
vaissella I 218, malada II 220, pluma II 250.
   Une palatale, quelle que soit son origine, transforme l'A en e ;
puis la diphtongue ie ainsi produite s'est aplatie en /, de même
que cela est arrivé pour les finales en arius : on peut donc supposer
la série : muscam = moucbia = mouchie = mouchi(l).

   (1) L'argument tiré de ce que le suffixe ter (— arius) des textes du quatorzième siècle est
devenu i au seizième n'est pas absolument concluant. Je n'ai trouvé en effet nulle part le
type intermédiaire mouchie (muscam) qui correspondrait exactement an type piymier que présente
 Marguerite d'Oingt, p. 58, mais comme nous n'avons pas de texte lyonnais antérieur aux
premières années du quatorzième siècle, il n'en faudrait pas nécessairement déduire qu'à aucune
époque ce type n'ait existé ; on peut au contraire fort bien admettre que le passage d'ie à » a et
lieu plus tôt à la post-tonique qu'à la tonique, à une époque de la langue dont il ne nous resue