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                             PENSEES

            DE L ' A M I T I E     DES AMIS           DE i / A M O U R
                                    —   SUITE!   _




   JEAN ROZIER. Jean Rozier! Je le vois encore, avec son ossature
grandiose, son haut et' vaste front, tout sillonné de rides profondes;
son grand regard vif et doux, et qui rayonnait sous d'épais sourcils ;
son large pas; et son geste fréquent pour exprimer, à défaut de
parole, maint sentiment et mainte idée.
   Son costume était d'un paysan, d'un paysan aisé : feutre noir
à bords larges et roides, veston de bure pas trop grossière, gilet
à nombreux petits boutons de cuivre poli, meublé à droite et à
gauche d'un gousset pour mettre à volonté une bourse, un chapelet,
une tabatière ; pantalons de droguet à pont-levis ; gros souliers à
courroies. . Un de ces étuis de fer-blanc que les écoliers de Tulle
appellent un « congé », plein de vers manuscrits, suspendu en
sautoir avec une ganse bleue, bondissait et retentissait contre ses
flancs, comme ce carquois d'Apollon si admirablement dépeint par
Homère.
   Jean Rozier n'était ni plus ni moins qu'un métayer. Le Mas-Mazel,
qu'il faisait valoir, appartenait en propre à un bourgeois de Tulle,
mais on l'aurait cru sien, tant il le gouvernait avec intelligence, y

   t V. la Reoue Lyonmise, t. VI, p. 227, 375 et t, VII, p. 171, 361, 637 et t. VIII,
p. 4 05.