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  502                          LA REVUE LYONNAISE

                                      LA   GUILLAUME

         L'autra dit: « Noutre gens son tant richou qu'i craivon,
        Y sont trot espargnant ; per mey ie cray qu'i raivon,      270
         Ne pouvant vay personna ne baire," ne maingi,
        Ce que me fait résoudre & que me fait songi
        Que ie son de vray foille, que ie son de vray niesse
        De tant pati servant de parile maistresse ;
        Ma fey se i'estian sage nous nous devrian maria. »        27
        « Ma fey voy », dit la Iana, « i'en suis délibéra. »
        L'autra dit : « Plut a dieu, mais que cely voulisse
        Que i'aymou tout à fait, magra quey qu'on desisse
        le lo voudrain avey; y m'aime tellamen,
        Que ie cray qu'i mourret se ie faisin autramen. »         280
        L'autra dit : « Je m'en voy, car noutra cusiniri
        Fara lo diablou à quatrou se ie suis la derriri. »
        « Ady fillon », dit l'autra, « vaiquia noutron monsieur,
        Adieu Iana, adieu Toiny, adieu Perneta, adieu. »
                                      LA BERNARDE
        Le fan de biau complot & de belle goutete,            285
        Quand le prenon leur tem per se trouva soulete :
        Sen tout celo paquet & celo causamen,
        Le servirian ben mieu & plus fidellamen.
        Leur plus grand malheur vin de tan changi de maistre,
        Qu'elle craiyon toujour en changean de mieu estre ;   290
        Et y et per leur defau, le voulon alla alieur,
        Et per lo plus souven le tombon en deshonneur,
        Car elle van d'abord trouva de revenduse ('">,
        Que le fan enbrochi, que son de affrontuse,
        Que le fan puis après courrata, foulata,              295
        De sey, de ley, hela! per le gasta :
        Puy quand le le-z-afermon <2' à quoque damoiselle,
        Le le mintenon puis & pucelle & fidelle.
   (1) A Lyon on entend par revendeuse une femme qui revend au détail les légumes et les
fruits qu'elle est allée acheter au marché. Au xviie siècle, les revendeuses se chargeaient j
comme elles le font encore aujourd'hui du placement des filles de chambre et des cuisinières
en disponibilité. Leur réputation était déplorable, mais j'aime à croire que le tableau que
Bernarde nous en fait ici était poussé au noir.
   (2) Edition de 1658 : Le le çafermon.