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                               BIBLIOGRAPHIE                                       453
la menue monnaie de cette correspondance qui nous représente Venise sous un
jour peu différent de celui sous lequel nous l'avait fait entrevoir Casanova.
M. Molmenti a parcouru ce3 lettres, reliées en six gros volumes et conservées au
Musée civique de Venise. Il veut bien les relire avec nous et en donne de nom-
breux extraits, fort curieux à tous les points de vue. Il y a là aussi quelques
pages charmantes et finement écrites sur cette gracieuse et coquette Venise dn
dix-huitième siècle qui se couronnait de fleurs avant de mourir.
     Un chapitre de ce livre, où M. Molmenti appréciait sévèrement la conduite
 du dernier doge, Lodovico Manin, avait suscité de vives ripostes de la part d'un
 descendant de ce magistrat et de celle de M. Attilio Sarfatti. L'auteur des
 Vecchie Storielewc répond, dans ses dernières pages, en appuyant son argumen-
 tation sur les Mémoires même de Manin qui venaient d'être livrés à la publicité.
 Les extraits que M. Molmenti en donne nous révèlent d'intéressantes particula-
 rités sur les derniers moments de la reine de l'Adriatique.
     Dans tout le cours de ce volume, l'auteur se montre excellent et fin critigue,
 érudit consommé. Je le féliciterai aussi d'avoir su éviter la prolixité, écueil
 redoutable où échouent volontiers les archéologues. Sa science est aimable et n'a
 rien de pesant. Il réserve pour les notes qui suivent chaque article les indica-
  tions d'auteurs et de documents, et les explications complémentaires. C'est un
  écrivain agréable qu'on lit sans fatigue.
     Mes sincères compliments au goût excellent de l'éditeur qui a publié les
  Vecchie Storie. L'impression est des mieux soignées et le papier de, choix. Pour
 un amateur c'est un charme de plus.                      CH. LAVENIK.



      AU CAPRICE DE LA PLUME, Études, fantaisie, critique, par STÉPBEN LIÉGEARD.
       Paris, Hachette, 1884. — Un vol. in-16, prix : 3 fr. 50

    Voici un livre qui ne ment pas à son titre. A travers la variété des sujets, la
 fantaisie de l'auteur s'ébat à l'aise, sans autre règle que le caprice du moment.
 Du grave M. Caro, il passe à Jacinto Verdaguer, le poète inspiré de l'Atlantide,
 à Bonaparte-Wyse, à Mistral, à ce félibrige qu'il goûte et qu'il aime. Après avoir,
 en vrai Bourguignon, chanté les esprits de la cuve et la fête du raisin (pauvre
 fête si joyeuse autrefois et qui, au train dont vont les choses, risque de n'être
 bientôt qu'un souvenir), il raconte en termes émus ses quatre visites à Camden-
 Place, et pleure le deuil sans nom qui succéda si brusquement à de légitimes
 espérances. Fidèle à la dynastie qu'il a aimée et servie, M. Liégeard ne renie pas
 ses dieux parce qu'ils sont tombés. Il porte plus haut le cœur, et il a le respect
 des grands souvenirs qui sont pour lui sacrés. Aux heures troublées que nous
 traversons, c'est là une vertu qui devient rare. Qu'il me permette de le féliciter
 de savoir si bien.la pratiquer!
    La seconde partie du volume est toute consacrée à des études de littérature et
 de critique. Ce sont en général des analyses d'ouvrages récemment parus. M. Lié-
 geard les passe en revue d'une façon très consciencieuse. Il y a là des pages qu'on
 lira avec plaisir. Son style est alerte, sa phrase dégagée, le tout assaisonné d'une
 pointe d'humour. Si j'ajoute que le volume a été imprimé parQuantin, je ne doute
 pas que l'envie ne vienne à ceux qui me liront de le parcourir à leur tour.
                                                            CH. L A V B N I R .