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                               BIBLIOGRAPHIE                                     341

   A ses débuts, Dom Bosco se consacre tout entier à l'œuvre des prisonniers et
surtout des jeunes détenus. Il a compris ainsi bientôt combien il était difficile
de guérir une âme vouée au vice et démoralisée par une mauvaise éducation.
Dès lors, il n'a plus qu'une pensée, prévenir l'enfant de la corruption morale,
en lui assurant un asile et en l'habituant au travail, qui réconforte et moralise.
   Ses premiers essais durent subir d'abord bien des épreuves. Mais jamais Dom
Bosco ne connut le découragement. Animé de ce zèle ardent, qui exerce sur les
masses une action puissante et irrésistible, jamais il n'a cru avoir assez fait pour
l'œuvre de bien qu'il a entreprise.
   C'est d'abord dans une chapelle, puis dans une église, et enfin dans une maison
particulière qu'il réunit les enfants, auxquels il enseigne les vérités religieuses
et qu'il forme à la pratique de la vie morale. Quand on le chasse de ce dernier
asile, ils sont au nombre de trois cents déjà, et il est réduit à les réunir au grand
air et dans un pré.
   Malgré l'intérêt que lui portent parfois des hommes d'Etat, comme Cavour et
Ratazzi, il ne cesse d'être en butte à la haine et à la persécution. Seul, sans
appui, avec les seuls secours de l'aumône, au milieu de mille obstacles et d'in-
cessantes difficultés, il crée et voit grandir son œuvre. Il n'a songé d'abord qu'à
assurer un refuge aux enfants abandonnés et sans éducation; il est contraint
bientôt de leur ouvrir des écoles et des ateliers d'apprentissage, où il parvient
à résoudre, sans déclamation et sans bruit, le grand problème de l'éducation,
celui de la règle qui s'impose et domine sans effort, et sans qu'il soit nécessaire
de recourir à l'intimidation et aux punitions corporelles.
   Cent trente maisons sont créées ainsi. Cent mille enfants, voués au vice, sont
sortis de ces maisons, où ils ont appris, à la fois, les enseignements de la religion
et de la morale. Et ce n'est pas tout encore. A côté de ces ateliers modestes,
destinés à l'enseignement professionnel, il fonde aussi des écoles secondaires, et
bientôt des séminaires, qui fourniront des missionnaires au monde entier. Enfin,
il crée des imprimeries, destinées à favoriser la propagation de l'enseignement
chrétien, en multipliant les bons livres, dont plusieurs, écrits avec un merveilleux
talent d'exposition, sont dus à sa plume et ont eu de nombreuses éditions.
   Tel est le fruit de quarante ans d'apostolat, et voilà qu'aujourd'hui l'oeuvre,
grandissant toujours, ne peut plus être contenue dans les limites du pays qui l'a
vue naître. Elle déborde au dehors ; des colonies sont fondées dans le Midi de la
France, en Espagne et en Portugal. Bientôt elle franchit les mers et envoie des
missionnaires au Brésil, dans la république Argentine et jusque dans les pays
inconnus de la Patagonie.
   Il faut lire dans l'ouvrage de M. Albert du Boys, l'histoire si attachante de
cette mission lointaine qui nous manifeste, d'une manière saisissante, la puissance
de l'œuvre Salésienne et l'action qu'elle est appelée à exercer dans le monde. Il
faut lire aussi le tableau qu'il nous retrace de l'esprit de l'institution de Dom
Bosco et de sa méthode d'éducation.
   Cette méthode s'attache surtout à former la volonté de l'enfant, en lui appre-
nant à se posséder elle-même et à éviter les surprises d'une première impression
et les écarts de ses inclinations. Cette possession de soi-même, dont le fondateur
del'œuvre fournit un exemple éloquent dans sa propre vie, est, suivant Dom Bosco,
la première condition de la perception du vrai, du bien et du beau. En un mot,
la sagesse est l'art de bien conduire sa volonté.