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340 LA REVUE LYONNAISE qui aime l'arrogance de la jeunesse marchant la tête à l'évent. Des vers fameux bondissent tout à coup; on sent que le poète raisonne moins qu'il ne chante! Et c'est en effet une série de poèmes fiers et virils dans lesquels, voulant étudier l'entraînement des êtres vers un but glorieux, il n'a su que pousser de superbes cris d'orgueil qui nous font aimer le poète dans sa véritable nature, dans la virilité de tous ses sentiments. Je l'ai dit, Jean Blaize est un robuste. Tout raffi- nement lui est inconnu ; il se donne tout d'une pièce, tel qu'il est, car on est brave sous le soleil, selon son expression, et devant les raffinés, devant les sceptiques, devant ceux qui, ayant la fadeur, attirent comme le miel, il s'écriera brutalement: Laissons la modestie aux timorés par force ! Bravo! Les timorés le savaient bien aussi. — Puis, s'ils ont de l'esprit, — et ces gens-là en ont toujours, fût-ce l'esprit des autres, — ils s'apaiseront devant la sérénité des derniers vers de cette pièce où le poète exalte ses glorieux espoirs, Pour que la renommée au splendide sourire Ralentisse ses pas devant notre tombeau! Bonnes gens qui aimez les fadeurs, ne lisez pas l'Ivresse du poète, ce petit drame étrange dans lequel l'auteur saute à pieds joints sur la table de son hôte qu'il renverse furieusement malgré les pleurs et les concessions de celui-ci. L'allure de ce drame est entraînante, et c'est bien là l'oeuvre d'un batailleur. Bataillez, poètes! Ceux qui recevront vos coups, vous saurez bien les guérir en leur chantant un air de mandoline. 0 charmeuse et terrible mer ! 0 poétesse des poètes ! Voici deux vers délicieux, et l'Ultimatum des livres l'est tout entier. L'artiste s'y révèle entièrement; c'est la chanson lyrique d'un beau poète et le bijou d'un ciseleur exquis. Je tiens surtout à féliciter l'auteur sur la forme parfaite de ce poème, le meilleur du livre. Lisez-le et chantez-le, ô les derniers amants de la poésie saine et forte ! les rudes, les prolétaires bien-aimês, vous tous, O pauvres martyrs innomés Qui n'avez pas le fruit de votre labeur rude, Le pain du blé que vous semez. AUGUSTE MARIN. DOM BOSCO ET LA PIEUSE SOCIÉTÉ DES SALÉSIENS, par ALBERT DO BOYS.— Paris, Jules Gervais, libraire-éditeur, in-18,1884 (orné de 4 gravures). Pris : 3 francs. Il y a quarante ans déjà que Dom Bosco jetait, à Turin, les premiers fonde- ments de l'oeuvre, qu'il plaçait sous le patronage de saint François de Sales. Ce n'est guère pourtant que depuis l'année dernière et à la suite du voyage qu'il fit en France, que son nom et son œuvre sont connus dans nos pays. Même depuis cette époque, nous ne connaîtrions l'ensemble de l'oeuvre Salé- sienne que d'une manière bien imparfaite, si M. Albert du Boys n'était venu nous faire, dans un livre, dont le puissant intérêt captive jusqu'au bout le lecteur, un tableau complet des institutions créées par ce saint prêtre dans le monde entier.