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                                BIBLIOGRAPHIE                                         339

quée. Mais la voie qu'il devait suivre, il ne la trouva que plus tard, lorsqu'il s'éprit
ardemment de la grande consolatrice : la Muse qui traduit nos pensées en une
langue virile et leur donne la splendeur d'une forme définitive. Le poète seul
peut éterniser son rêve et le rendre palpable, car il l'exprime au moyen de la
musique la plus humaine : la parole. Il nous apprend à chanter les joies puissantes
delà jeunesse; il nous fait jouir et souffrir avec les heureux et les maudits; il
traduit toutes les émotions de l'être,
               Et posant sur la chair le baume de l'esprit,
               Dans la sérénité de l'exlase il sourit.
   Ce premier livre de Jean Blaize est surtout un livre de pitié. Dans l'existence
heureuse qu'il traversait, le poète a rencontré les maudits de la terre, hommes
et bêtes. Il les a consolés en pleurant avec eux, il leur a donné l'espoir en chan-
tant l'éternel amour dont son cœur était plein.
                    Et, pour narguer l'adversité,
                    Je vous sème, ô mes vers que dore
                    La resplendissante gaîté !

  Pitié pour toute créature, dit-il, et dans VAraignée, dans le Mendiant, dans
la Mouche, il s'apitoie sur l'existence des êtres infimes, leur parlant en des vers
émus des consolations qu'il espère leur apporter et voulant mettre sur leurs
maux le baume d'un sentiment tendre!
               Puisque mon cœur s'abreuve à tes sentiments mêmes,
               D'être jamais pervers je n'ai nulle frayeur,
               O mon trésor qui crois simplement que tu m'aimes,
               Et ne te doutes pas que tu me rends meilleur 1

   Ces vers à l'aimée disent bien quel sentiment d'amour profond et recueilli anime
cette précieuse partie du livre où le poète appelle la femme ! Et l'artiste évoque
'a beauté de celle qu'il aime pour purifier son art même dans un vers délicieux :
               Je voudrais que mes vers eussent cette lumière,
               Cet ineffable attrait de tes yeux triomphants

   Et cet appel à la femme se termine par un poème adorable « Exultation. » C'est
assurément une des meilleures pièces du livre : Un cœur fort bat dans ma poitrine !
s'écrie le poète, et il oublie les souffrances d'hier, les regrets, les espoirs inassouvis.
Le soleil rit, la brise chante la belle chanson d'amour, la nature s'offre parée
comme une promise. Aimez, chantez, riez :
                    Le premier matin de printemps
                    N'est pas plus frais que mes vingt ans !

                    C'est que je t'aime, ô mon amante !

                    C'est que ma jeunesse est à toi,
                    Avec sa fougue, avec sa foi ;
                    C'est que c'est toi, l'amour, toi, l'ange
                    Aux longs regards délicieux....

  La partie du volume qui fait suite aux poèmes amoureux, « La Gloire, » contient
de? pièces hardies, endiablées aussi, mais à la façon du diable de Frédéric Mistral