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338                       LA R E V U E L Y O N N A I S E

livre. Il y a là certains morceaux que je crois destinés à vivre autant que notre
langue, tant l'émotion pénétrante delà poésie exprimée est harmonieusement retenue
dans une forme exquise : Petite Claudine; En Rêce; Rose, Rosette; Au bord
de l'eau; La belle morte; Pauvre Lise; Los cloches; Feu follet; Cimetière de
campagne,., c'est léger et c'est parfait!
                  Vous me demandez qui je vois en rêve?
                  Et gai, c'est vraiment la fille du roi ;
                  Elle ne veut pas d'autre ami que moi.
                  Partons, joli cœur, la lune se lève.
                  Sa robe qui traîne est en salin blanc,
                  Son peigne est d'argent et de pierreries:
                  La lune se lève au bas des prairies,
                  Partons, joli cœur, je suis ton galant.
                  Un g'ratfd manteau d'or couvre ses épaules:
                  Et moi dont la veste est de vieux coutil !
                  Parlons, joli cœur, pour le Bois-gentil
                  La lune se lève au-dessus des saules.
                  Comme un enfant joue avec un oiseau,
                  Elle tient ma vie entre ses mains blanches.
                  La lune se lève au milieu des branches
                  Partons, joli cœur, et prends ton manteau.
                  Dieu merci ! la chose est assez prouvée :
                  Rien ne vaut l'amour pour être content !
                  Ma mie est si belle et je l'aime tant !
                  Partons, joli cœur, la lune est levée !

   Je concluerai en affirmant que cette tentative de réhabilitation par la poésie de
nos provinces françaises, à laquelle se sont voués MM. Jean Aicard, Jules Breton,
Gabriel Marc, Ed. Schuré et Grandmougin, pour la Provence, l'Artois,l'Auvergne,
l'Alsace et la Franche-Comté, après le glorieux exemple de Brizeux qui a chanté
le chant du cygne de son immortelle Bretagne, et en dehors, je le répète, de
l'incomparable résultat obtenu par le félibrige — que cette tentative de réhabili-
tation, n'avait pas trouvé, jusqu'à ce jour, d'apôtre aussi éminent que M. G. Vicaire,
l'auteur des Émaux bressans.                            PAULM A R I É T O N .



      LES SYMPTOMES, PAR JEAN BLAIZE, Paris, Maurice Dreyfous, un volume in-18,
                                    Prix : 3 fr. 50

   Voici le livre d'un poète et d'un homme de coeur. Fanatique de son art, M. Jean
Blaize l'emploie à célébrer en une langue très personnelle ses amours et ses
beaux espoirs. Il aime, il exulte ; et tout son être est vibrant comme ses strophe 8
endiablées. La Muse de Jean Blaize, cette fraîche provençale vêtue à la parisienne,
se fait aimer par son originalité même. Riante parfois, attendrie souvent, elle
offre ses lèvres à qui rit et son cœur à qui souffre.
   Jean Blaize est un robuste. Il abandonna de bonne heure la vie facile dans
laquelle il pouvait se prélasser à l'aise pour s'adonner aux études sérieuses d'un
art fait de mystère et d'inconnu. Il avait rêvé le théâtre où il faillit entrer en
conquérant. Il avait chéri la peinture où son originalité naturelle fut très remar-