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                   LE ROMAN NATURALISTE                         291
   Mais, hélas ! il y a le revers de la médaille, et quel revers!
   Les grossièretés de langage sont revenues et la décence est défi-
nitivement écartée. L'auteur semble appuyer avec complaisance
sur les détails médicaux ou sensuels les plus infimes et les plus
ignobles. 11 y a une scène de volupté qui, malgré la résistance de
la femme, peut aller de pair, le talent mis à part, avec les œuvres
de pornographie commerciale destinées à exploiter les mauvaises
passions. Et à la fin de l'ouvrage, pour faire pendant sans doute à
l'accouchement normal et clandestin de Pot-Bouille, M. Zola nous
donne, en soixante pages, la description minutieuse d'un accouche-
ment légitime, mais laborieux, et des opérations auxquelles recourt
la médecine pour délivrer la mère, lorsque l'enfant se présente de
telle ou telle façon. C'est charmant et d'une utilité incontestable
pour l'étude du cœur humain.
    Et les personnages !
    Le principal d'abord. M. Zola, touché peut-être du reproche
qu'on lui a fait souvent de pousser ses peintures au noir et de
calomnier la nature humaine, a voulu nous montrer ce qu'il entend
par l'état d'honnêteté. Eh quoi ! les spiritualistes prétendaient
qu'avec les doctrines matérialistes il n'y a plus de grandeur mo-
rale pour l'homme, Eh bien! qu'ils regardent 'Pauline Quenu et
qu'ils répondent. Les héroïnes sympathiques des vieux romans
l'ont-elles jamais égalée ?
   D'abord, elle se donne à elle-même l'éducation moderne, et petite
fille, elle se délecte-dans l'étude de la physiologie. La nature de
l'homme n'a plus de mystères pour elle, pas plus du reste que sa
beauté, car la chaste et pure jeune fille analyse et contemple sa
nudité dans un miroir, avec autant de complaisance que la cour-
tisane Nana.
   Elle a naturellement secoué le joug des vieilles supersti-
tions, et tout enfant une religion s'est emparée d'elle, une reli-
gion grave, supérieure aux réponses du catéchisme qu'elle
récitait, toujours sans les comprendre ; puis elle a rejeté toute
pratique religieuse, parce que la confession l'a blessée, qu'il lui
est impossible de croire des choses qui lui semblent dèraison-
bles, et qu'il ne sert de rien dès lors de mentir en feignant de
les accepter. D'ailleurs, l'inconnu ne l'inquiète pas, il ne peut