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272                  LA REVUE LYONNAISE

ment sans doute, négligé d'en faire un jésuite! C'est bien cela, le
prêtre chaste, d'apparence honnête, à qui, faute d'autre chose, on
reproche son ambition effrénée, et qui, en poursuivant le pouvoir
pour lui-même et par besoin de dominer, apporte la désunion, le
malheur et la honte dans les familles; il y a peu de journal, grand
ou petit, qui n'en ait fait un disciple de Loyola, et ne l'ait servi à
ses lecteurs.
   Marthe Rougon, la femme affolée par l'influence du prêtre, n'est
pas nouvelle non plus, et il faut bien reconnaître que si ces deux
personnages étaient le résultat de l'observation et de l'expérience,
l'école naturaliste n'aurait pas le mérite de les avoir étudiés la
première.
    Après avoir vu le naturalisme tributaire du romantisme, il faut
donc encore constater qu'après avoir paraphrasé la Bible, il ne
dédaigne pas de faire des emprunts à la littérature que l'on peut
qualifier de commerciale. 11 fait comme Molière, il prend son bien
où il le trouve. Ce serait permis à tout le monde, qu'une telle
manière d'agir serait interdite aux théoriciens de l'école expé-
rimentale.
    En lisant les longues descriptions qui remplissent son Å“uvre, il
est facile de constater chez M. Zola un tempérament ou tout au
 moins des aspirations d'artiste. Il est donc intéressant de recher-
 cher s'il a laissé quelque part trace de ses doctrines et de ses
 goûts en matière d'art. Il est certain qu'il a un vif sentiment de
la nature et que s'il s'y laissait toujours aller, il n'aurait pas de
 théories artistiques et se bornerait à être un homme de goût. Mais
 n'oublions pas que nous avons affaire à un homme à systèmes,
 et qu'il serait extraordinaire que nous ne voyions pas percer sous
 la peau de l'artiste le bout de l'oreille du théoricien. Aussi M. Zola
 n'a-t-il pas manqué lorsqu'il ne voulait pas parler lui-même de se
 créer un porte-voix qui fasse en matière artistique pendant au
 docteur Rougon en matière scientifique et médicale.
    Ce personnage c'est Claude Lantier ainsi décrit sommairement
 par l'arbre généalogique des Rougon-Macquart : Mélange fusion.
 Prépondérance morale et ressemblance physique de la mère.
 Hérédité d'une névrose se tournant en génie. Peintre.
    Ainsi nous voilà bien avertis, Claude Lantier n'est rien de moins